Cameroun-Tchad : le chantier électrique s’ébranle après 5,4 milliards de dédommagements
Les pelleteuses ont enfin pris possession du terrain. Plus de deux ans après l’annonce officielle, le Projet d’interconnexion des réseaux électriques du Cameroun et du Tchad (Pirect) entre dans sa phase concrète. Depuis le 12 mars dernier, les entreprises retenues pour la première composante du méga-chantier s’activent entre Nachtigal et Wouro Soua, sous l’œil vigilant des coordinateurs. Un démarrage rendu possible par le versement, souvent tumultueux, de 5,4 milliards de FCFA aux populations affectées par les tracés.
Les travaux, démarrés en mars 2025, ciblent d’abord l’interconnexion des réseaux Sud et Nord camerounais. Objectif : désenclaver les trois régions septentrionales, longtemps dépendantes de groupes électrogènes coûteux, en les branchant au barrage hydroélectrique de Nachtigal (420 MW). Sur le terrain, les équipes s’attellent aux abattages d’arbres et aux fondations d’une ligne haute tension de 524 km, doublée de quatre postes de transformation. « C’est un travail de fourmi : chaque centimètre de sol doit respecter des normes antisismiques », explique un ingénieur.
Mais derrière ces détails techniques se cache un dossier épineux : l’indemnisation des riverains. Sur les 6,5 milliards de FCFA prévus, 1,1 milliard reste bloqué. Motifs ? Des contentieux administratifs en cascade : oublis sur les listes, contestations des montants, ou absences lors des distributions. Dans la Vina, épicentre des tensions, seul 48 % des ayants droit ont été payés. « Certains estiment leurs terres sous-évaluées. D’autres n’ont pas pu fournir de jugement d’hérédité », confie un cadre du Pirect, joint dans son bureau de Yaoundé.
Malgré ces accrocs, la coordination du projet assure avancer. Une équipe doit retourner dans la Vina avant fin avril pour clore les derniers dossiers. « Les retardataires peuvent encore se manifester avec leurs pièces », précise-t-on au siège. Une urgence : le calendrier impose une livraison partielle dès 2027, date à laquelle le Cameroun s’est engagé à exporter 100 MW vers le Tchad voisin.
Et le projet ne s’arrête pas là. La composante 2, déjà dans les tuyaux, prévoit d’étendre le réseau jusqu’à Garoua et la frontière tchadienne via 446 km supplémentaires de lignes. De quoi alimenter à terme des zones reculées de l’Extrême-Nord, où le taux d’électrification plafonne à 15 %.
Reste que l’annonce suscite une prudence héritée de projets antérieurs. En 2021, le retard de Nachtigal avait fait douter de la crédibilité des calendriers. « Ce genre de chantier cumule toujours les défis : techniques, sociaux, logistiques… », tempère un expert énergétique basé à Douala. « Mais si les indemnisations sont réglées proprement, ça évite les blocages communautaires. »
Dans les villages traversés par les pylônes, l’espoir cohabite avec le scepticisme. À Yoko, où un poste de transformation doit sortir de terre, un riverain résume : « On veut bien croire à la lumière, mais qu’on nous explique pourquoi mon fils n’a toujours pas son chèque… »
GN
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