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Flambée des prix : le Gouvernement coupé du peuple

Une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux le 25 décembre 2021, montre quelle est la situation des prix des denrées de première nécessité dans un marché à Douala, réputé bon prix.

4 fruits de tomates sont exposés et vendus à 1000 francs cfa. L’auteur de la vidéo, un client ou un passant, n’a pas été insensible lui aussi devant cette hausse astronomique des prix. Et là n’est qu’un cliché. Les reportages réalisés dans les marchés camerounais par des journalistes camerounais ou étrangers au cours de cette période de fin d’année, ne révèlent autre chose que des cris des vendeurs et des consommateurs, les marchandises sont hors de prix.

Déjà au mois de juin 2021, l’Institut national de la statistique relevait cette hausse des prix constante et croissante, à laquelle il donnait deux explications : la première, interne, indexait « la spéculation des commerçants distributeurs du fait de la réduction de la mobilité au niveau des frontières, la faiblesse de l’offre des produits agricoles due aux changements climatiques qui perturbent les cycles agricoles , l’insécurité persistante dans certaines régions du Cameroun qui continue d’éroder les capacités de production des ménages agricoles, l’approvisionnement limité des grands centres de consommation à cause de la dégradation de certaines axes du réseau routier et ferroviaire…” La deuxième explication tenait de la « la conjoncture internationale liée aux dysfonctionnements des chaînes
d’’approvisionnement créés par la pandémie. »

Le 9 novembre 2021, le président du Groupement interpatronal du Cameroun Célestin Tawamba, tirait également la sonnette d’alarme dans un communiqué à l’issue d’une réunion sur la flambée des prix à l’international, et les difficultés éprouvées par les entreprises locales.

Il déplorait également « Aujourd’hui, malgré les propositions de pistes d’ajustement à court et à moyen terme faites à ces occasions par le Gicam, les entreprises déplorent, soit l’absence de mesures adéquates, soit une inefficacité de celles proposées dans certains secteurs d’activité, au vu de leur incapacité à mitiger de manière significative l’impact de la hausse des coûts…Il est patent que dès lors que les entreprises ne sont plus en mesure de s’ajuster, elles envisageront purement et simplement l’arrêt des activités d’importation et de production au 1er janvier 2022. Dès cet instant, le risque de défaut d’approvisionnement des marchés deviendra réel avec comme corollaire majeur un risque de crise alimentaire et des conséquences sociales inévitables que nul ne souhaite.»

Le porte-parole du gouvernement rassurait que les marchés continuent d’être approvisionnés, alors que les opérateurs économiques disent le contraire. De plus , avec une inflation de seulement 2%, le Cameroun peut se targuer d’être mieux lotie comparé à d’autres pays dans le monde. Que veut dire inflation de 2% pour une femme à qui on vend le litre d’huile de palme à 1500 francs, presque le double du prix ?

Des prix de hors portée

La hausse de prix des denrées de première nécessité connue sur le marché était donc prévisible, et est réelle, sauf pour le gouvernement qui continue de faire la politique de l’autruche, ou donner la preuve que ses membres vivent coupés du peuple. Le 25 décembre 2021, le ministre de la Communication a cru devoir, dans un communiqué, démentir les faits de reportage d’un média français qui n’a fait que peindre la situation.

Le porte-parole du gouvernement rassurait que les marchés continuent d’être approvisionnés, alors que les opérateurs économiques disent le contraire. De plus , avec une inflation de seulement 2%, le Cameroun peut se targuer d’être mieux lotie comparé à d’autres pays dans le monde. Que veut dire inflation de 2% pour une femme à qui on vend le litre d’huile de palme à 1500 francs, presque le double du prix ? De son côté, le ministre du Commerce Luc Magloire Atangana ne dit pas autre chose.

Dans un communiqué de presse datant du 24 décembre 2021 il dit : « A la suite des informations orientées et malveillantes relayées par certains média se faisant l’écho d’une inflation non maîtrisée des prix des produits de grande consommation sur le marché camerounais, le ministre du Commerce tient à dénoncer avec la plus grande fermeté cette campagne insidieuse de manipulation des esprits à des fins clairement avoués de déstabilisation du pays. » Et de préciser que malgré tous les facteurs qui concourent à la pénurie et à la hausse des prix au plan mondial, « le marché camerounais est resté globalement stable dans son approvisionnement et résilient en matière de prix.»

Le coût du transport a augmenté pour le peuple, ils ne le savent pas, ils n’empruntent jamais un bus de voyage d’une ville à l’autre, un « opep » ou une moto pour quitter du goudron jusqu’au village. Ils ne stressent pas dans les embouteillages comme le commun de mortel, les motards ouvrent la voie pour eux. Eux, ils connaissent les chiffres et les pourcentages, le peuple vit la réalité.

Coupé du peuple

L’attitude du gouvernement, celle du déni de la réalité, loin d’être une surprise, devrait plutôt être une énième interpellation pour les populations sur leur situation, qui est celle d’une population abandonnée à elle-même, dont le vécu quotidien n’est pas celui des dirigeants. Pendant que sur le marché la ménagère se plaint du litre d’huile de palme qui coûte 1500 francs cfa, ceux-là utilisent l’huile d’olive qui coûte 10 fois plus pour leur cuisine. Au marché la ménagère ne peut acheter deux poissons fumés à 1000 francs, eux, ils consomment des morues.

Le ministre du Travail et de la sécurité sociale avait d’ailleurs indiqué que 36 000 francs suffisent largement pour vivre au Cameroun mensuellement, pour les populations, et son collègue de l’Habitat et du développement urbain de renchérir que c’est avoir le gros cœur que de vouloir habiter dans une maison décente, quand un journaliste lui faisait remarquer que les logements sociaux qu’il proposait n’avaient rien de social dans les prix.

Le coût du transport a augmenté pour le peuple, ils ne le savent pas, ils n’empruntent jamais un bus de voyage d’une ville à l’autre, un « opep » ou une moto pour quitter du goudron jusqu’au village. Ils ne stressent pas dans les embouteillages comme le commun de mortel, les motards ouvrent la voie pour eux.

Eux, ils connaissent les chiffres et les pourcentages, le peuple vit la réalité. Que de continuer de se plaindre, il ne lui reste qu’à prendre conscience de sa situation, parce que désormais, même dire que les prix sont élevés sur le marché, c’est vouloir déstabiliser le pays. Il faut surtout comprendre que pays ici ne désigne pas le triangle national berceau de nos ancêtres, il désigne le pouvoir… et ceux qui l’incarnent.

Source : Roland TSAPI, Éditorialiste.

Mimi Mefo Info

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