Portrait : Qui était Loïc Kamtchouang, le camerounais d’origine assassiné par le rappeur MHD

Le rappeur MHD est condamné à 12 ans de prison ferme pour meurtre d’un camerounais en France.

La décision est tombée samedi et est rendue par la cour d’assises de Paris.

Voici le portrait du jeune camerounais que MHD est coupable d’avoir assassiné

Selon le journal Libération deux ans après la rixe mortelle, l’on apprend qu’avant un «passage à vide» et une adolescence en rupture avec son père, le Franco-Camerounais poignardé à mort en juillet 2018 à Paris, était un garçon brillant et «docile».

« Quand il était petit, Loïc Kamtchouang avait pour coutume de dire à sa mère, jonglant entre les petits boulots pour joindre les deux bouts : «Je serai un grand homme et je vais t’aider.» Dès ses 9 ans, l’écolier franco-camerounais, brillant et curieux, est envoyé par ses parents en France pour entrer au collège.

Qui pouvait imaginer que son arrivée dans le quartier parisien de la Grange-aux-Belles, promesse d’une scolarité épanouie, se refermerait plus tard comme un piège, entre solitude, précarisation et rixe mortelle entre bandes ?
On sait peu de choses de Loïc Kamtchouang, poignardé et roué de coups jusqu’à la mort, dans un déferlement de violence, la nuit du 5 au 6 juillet 2018. Mandatée par la justice, une enquêtrice de personnalité tente, tant bien que mal, de dresser dans son rapport des éléments d’information pour comprendre la trajectoire de ce jeune garçon aux capacités certaines, mais pris dans une structure familiale «complexe» faite de «secrets». Et comment saisir la personnalité de la victime de 23 ans, qui durant les dernières années de sa vie s’était précarisée et isolée familialement, quand ses amis sont «parties prenantes du dossier criminel» ?

Natif de Yaoundé, capitale du Cameroun, Loïc Kamtchouang y grandit auprès de sa mère et de sa sœur, de deux ans sa cadette. Chaque été, leur père vient leur rendre visite depuis la France, où il vit. Comme beaucoup de mômes, Loïc Kamtchouang aime jouer au ballon et regarder Tintin à la télévision. A l’école, le petit garçon très investi apprend le français. Sa mère le décrit comme «solitaire» et plutôt «docile» : «Si on lui disait : “Attends là !” Il attendait sans bouger.»

A 9 ans, direction Paris et la cité du Buisson-Saint-Louis. L’enfant s’installe avec sa petite sœur chez son père, où il partage une chambre avec ses demi-frères. Il ne reverra pas sa mère pendant des années. Comment a-t-il vécu ce déracinement et cet éloignement maternel ? La réponse reste un mystère. Avec un an d’avance, Loïc Kamtchouang entre donc en sixième au collège de la Grange-aux-Belles. A quelques ruelles seulement du 188, rue Saint-Maur où il trouvera la mort quatorze ans plus tard. Dans ses bulletins, les professeurs saluent un élève «appliqué» et «agréable». Le principal adjoint lui adresse même ses «compliments». C’est au lycée que commence le «passage à vide», selon les termes paternels. Dès sa seconde technologique au lycée Dorian, dans le XIe arrondissement, l’adolescent redouble. «Loïc ne force pas son talent», écrit un enseignant au sujet du lycéen qui cumule de «très nombreuses absences» injustifiées. L’adolescent se désinvestit, à la fois de son cursus scolaire et de la vie familiale. Il obtient malgré tout un baccalauréat STI génie électronique, puis s’inscrit en BTS électronique automobile. Mais malgré ses nombreuses recherches et candidatures, Loïc Kamtchouang n’essuie que des refus.

Il prend une année «blanche», cherche du travail, s’inscrit à la mission locale, déserte l’appartement. Collé en permanence à son portable, qui le relie à ses copains du collège, avec lesquels il n’a jamais coupé. Le majeur et ses potes traînent tard, fument du cannabis. Lui qui est issu d’une famille catholique peu pratiquante se convertit à l’islam. Un jour, le jeune homme revient d’une bagarre le visage amoché. «Il se fermait alors qu’il était ouvert, quelque chose clochait», dit le père, apparemment impuissant, qui évoque «l’influence» du quartier sur son fils. Il envisage alors de le renvoyer au Cameroun pour l’éloigner. C’est chose faite à l’été 2017. Loïc Kamtchouang a 22 ans. Il retrouve sa mère qu’il n’a pas vue depuis tant années. Le séjour se passe «bien», d’après cette dernière, à qui le jeune homme ne parle pas de ses difficultés en France. Il en profite pour perfectionner sa conduite automobile, revient sur les traces de son village d’origine au nord du pays. Au bout de six mois, sa mère l’autorise à rentrer à Paris.

La suite s’écrit entre la misère et la rue. En rupture, Loïc Kamtchouang ne remet plus les pieds dans l’appartement paternel, mais dort dans le parking de l’immeuble ou à droite à gauche chez des amis. Il n’a pas d’autres revenus que les 100 euros mensuels versés sur son compte bancaire par son père. Les deux hommes ne se voient plus qu’au détour de rencontres inopinées, dans les rues du quartier ou le hall du bâtiment. «Il prenait la poudre d’escampette», se souvient le quinquagénaire. Lors de leur dernier échange, en juin 2018, ils évoquent un rendez-vous pour trouver «des solutions». Loïc Kamtchouang ne viendra jamais. Un mois plus tard, une marche blanche est organisée en mémoire de celui qu’on surnommait «Pépé» dans le quartier. Au milieu des élus et habitants rassemblés, une peinture à son effigie : «Repose en paix, Loïc Kamtchouang.»

Source: Libération

Mimi Mefo Info (MMI)

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