Pourquoi Cabral Libii fait peur au régime de Yaoundé
Pourquoi Cabral Libii fait peur au régime de Yaoundé – À quelques mois de la présidentielle prévue en 2025, l’administration territoriale multiplie les stratagèmes pour écarter le challenger Paul Biya de la course. Des signes qui cachent mal la frilosité du pouvoir en place, face à ce candidat aux multiples atouts.
La célébration de la 52e Fête nationale de l’Unité s’est achevée hier. Dans la foulée des imperfections qui ont marqué cette commémoration, une actualité a fait tache d’huile. Le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii a été interdit de prendre part au défilé dans plusieurs régions du pays. En raison selon certaines autorités administratives, des injonctions qui leur ont été faites par Paul Atanga Nji, le ministre de l’administration territoriale. Un acharnement sans précédent dans l’histoire du Cameroun, qui donne à penser que Cabral Libii donnerait des insomnies à Paul Biya. Longtemps taxé par ses détracteurs comme étant une marionnette du régime, l’ancien candidat à la présidentielle de 2018, semble plutôt être devenu un adversaire redoutable du pouvoir en place. La suite des événements qui s’est produit ces derniers mois montrent clairement que dans les coulisses, Yaoundé est à pied d’œuvre pour écarter la candidature du challenger de Paul Biya pour la prochaine élection présidentielle prévue en 2025.
Le 20 mai de tout le monde
Au PCRN, « ce ne sont pas les fanfaronnades d’un ministre de l’administration territoriale ou d’une autorité administrative qui ont empêché les militants de se rendre au défilé ». Sur la place des fêtes d’Eseka, plusieurs centaines de militants sont arrivés vêtus aux couleurs du parti. Ils ont formé une haie pour permettre pour se concerter et assister pacifiquement au défilé qui a duré plus de trois heures de temps. Encadrés par le maire Sylvain Tjock, ces militants appliquait à la lettre les consignes de l’instance dirigeante du parti. Réuni le 16 mai dernier, sur la convocation du président national du PCRN Cabral Libii, suite à l’interdiction du parti de prendre part au défilé, le bureau élargi du PCRN a été un peu plus claire : il « considère que l’unité nationale est un acquis précieux dont la préservation et la célébration incombent à tous citoyens camerounais. Pour cette raison, les militants du PCRN sont appelés à se rendre massivement dans les places des fêtes de leur commune respective et à marquer par leur présence pacifique leur attachement à l’unité nationale », lit-on dans le communiqué final de la réunion du bureau politique présidée par Aristide Bitouga. Un autre communiqué signé le 18 mai ajoute que: « pour éviter tout affrontement avec les forces répressives, les militants du PCRN devront se masser et se regrouper vers les points de chute du défilé et s’y déployer en toute responsabilité sans débordement ».
Dans son allocution de circonstance, dont mandat lui avait été donné lors de la réunion du bureau élargi, Cabral Libii a dénoncé « une clique d’apprentis dictateurs qui veulent absolument absolument plonger notre pays dans la sauvagerie dans un contexte de chaos généralisé de fin de règne », a-t-il déclaré dans son discours du 20 mai. Précisant que : « malgré leurs tentatives illégitimes et illégales de prendre le pouvoir de manière illégitime, ils ne nous effaceront pas ».
Peur à Etoudi
Les manœuvres initiées par Paul Atanga Nji depuis des années contre le PCRN ont connu leur apogée la semaine dernière, lorsque ce dernier a désigné en toute illégalité, le mandataire du PCRN et a écrit au directeur général des Elections. « J’ai l’honneur de vous faire connaitre que le parti politique dénommé Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) a pour président-Fondateur, Monsieur Robert Kona », écrivait Atanga Nji dans son courrier du 15 mai 2024. « Une manœuvre de trop. Qui montre clairement qu’en dehors des problèmes personnels qui pourraient exister entre le Minat et le président du PCRN, il y a visiblement une peur qui anime le régime en place », commente Blaise Mayang politologue. Pourtant l’affaire opposant les leaders du PCRN au sujet du véritable responsable du parti est encore pendante devant les tribunaux. « Atanga Nji aurait tout simplement attendu que le tribunal tranche, plutôt que de prendre une décision qui est elle-même attaquable », ajoute le politologue.
Si Yaoundé a perdu sa sérénité devant le candidat du PCRN, c’est que depuis la fin de l’élection 2018, Cabral Libii a gagné du terrain. Aujourd’hui, son parti compte 206 conseillers municipaux ; 5 députés, contrôle entièrement 7 mairies et partage 5 communes avec le RDPC. Une représentativité qui fait de lui la deuxième force politique de l’opposition au parlement après l’UNDP. Député lui-même, dans le cadre de ses prérogatives de contrôle de l’action gouvernementale, Cabral Libii a multiplié des interventions à l’Assemblée nationale qui ont rallié des milliers d’autres militants derrière lui. Son parti a même réussi à faire adopter un amendement de la loi de Finances 2024. Le PCRN avait fait des propositions en matière de développement des secteurs des énergies renouvelables, d’adduction d’eau et d’élevage et de pêche. Le parti de Cabral Libii avait proposé au gouvernement de mettre sur pied « une véritable stratégie de moyen terme pour encourager l’implantation d’une myriade de petites et moyennes fermes aquacoles disséminée sur le territoire ».
A la veille de l’élection de 2025, Cabral Libii ne manque pas d’argument pour faire peur au régime. « Il faut voir son évolution depuis 2018 pour comprendre que Cabral Libii est devenu un adversaire redoutable pour le régime de Yaoundé. Il s’est construit une réelle assise politique et a élargi son électorat », commente le politologue. Sur le terrain, le PCRN est désormais représenté dans les 10 régions du Cameroun, dans plus d’une centaines de communes et dans une cinquantaine de département. Au sein de la diaspora, Cabral Libii a pu installer des coordinations dans près d’une centaine de pays.
Démonstration de force
Plusieurs détracteurs de Cabral Libii ont toujours sur les lèvres la vielle intrigue qui consiste à taxer le PCRN de parti tribal. « PCRN est un parti Bassa’a qui ne vit que dans le Nyong et Kelle », entend-on souvent dire. Pourtant, quand il faut faire foule, Cabral Libii ne lésine sur aucun moyen. Lors du premier congrès du PCRN tenu en décembre 2022 à N’Gaoundéré, au moins 3000 participants venus du monde entier ont répondu présent à l’appel du président national de cette formation politique. Ce, malgré les exigences financières notamment de transport, d’hébergement et des frais de participation qui étaient sélectifs.
L’histoire devait récidiver à Kribi en novembre dernier lors du deuxième congrès extraordinaire du parti. Mais la rencontre a finalement été interdite sous l’ordre de Paul Atanga Nji. A une semaine de la date prévue pour ce congrès, le parti avait déjà enregistré plus de 2500 personnes inscrites, alors que les inscriptions se poursuivaient jusqu’à la date de l’évènement. Parmi les personnes inscrites, au moins 300 venaient de la diaspora.
Si Cabral Libii fait autant peur au régime, c’est aussi à cause de son jeune âge. « La dynamique venue du Sénégal avec l’élection d’un président de 44 ans a des répercussions au Cameroun. Plusieurs citoyens commencent à croire que ce qui s’est passé au Sénégal peut se reproduire au Cameroun et le candidat idéal pour ce rajeunissement de la classe politique est sans conteste Cabral Libii », commente un internaute. Un fait qui s’accentue, surtout par le fait que Cabral Libii était invité à l’investiture du nouveau président Bassirou Diomaye Faye.
Manœuvres
Au PCRN, il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que Paul Atanga Nji a été commis par le pouvoir en place pour anéantir la formation politique que dirige Cabral Libii. Et ce ne sont pas les coups qui manquent. Après avoir manœuvré pour interdire le deuxième congrès du PCRN qui était prévu à Kribi en novembre dernier, le ministre de l’administration territoriale a également été accusé d’avoir manœuvré pour organiser et financer une conférence de presse pour le compte de Robert Kona, l’un des fondateurs du PCRN, qui revendique le poste de président du parti. D’ailleurs quelques jours plus tard, le même Robert Kona avait reconnu publiquement lors d’une intervention dans une chaine de radio, qu’il bénéficie du soutien du ministre de l’administration territoriale.
Paul Atanga Nji, a aussi été accusé d’avoir illégalement délivré un récépissé de reconnaissance au bureau du (PCRN) dirigé par Robert Kona. Ce document, daté de décembre 2023, n’a jamais été rendu public et n’a été découvert que récemment dans les tiroirs du cabinet du ministre.
On se rappelle en outre qu’au plus fort de la crise au sein du PCRN, deux autres membres fondateurs du PCRN avaient décidé d’exclure Robert Kona du parti. Informé, Paul Atanga Nji avait refusé de prendre acte de cette exclusion.
Au PCRN on soupçonne d’ailleurs Paul Atanga Nji d’avoir infiltré le parti. « Après avoir illégalement écarté Cabral Libii de la tête du parti, une réunion élargie du bureau politique a été convoquée. Le président Cabral Libii a lui-même pris la peine d’envoyer les invitations à cette réunion en privée aux personnes concernées, de peur qu’il n’y ait fuite d’information. A notre grande surprise, Paul Atanga Nji était déjà au courant et Boris Berthold avait déjà publié l’information », s’inquiète un membre du bureau politique du PCRN.
Et ce n’est pas tout. Paul Atanga Nji avait déjà fait flèche de tout bois pour boycotter une mission d’un cadre du PCRN qui s’était rendu à Maroua pour rencontrer Robert Kona à l’effet de le convaincre de revenir au sein de sa famille politique. Cette mission qui n’était pas connu des autres cadres du parti avait été discutée au téléphone entre Cabral Libii et son émissaire. « Mais Atanga Nji était au courant de tout. Preuve qu’il a accès à nos conversations téléphoniques », s’alarme un autre cadre du PCRN.
Offre politique
Malgré une fébrile opposition au sein de son parti, Cabral Libii arrivé troisième lors de la présidentielle de 2018 derrière Paul Biya et Maurice Kamto, continue depuis de travailler à l’implantation de ses troupes à travers le Cameroun et surtout de son offre politique. En 2021, il publie « Le fédéralisme communautaire, compromis pour la paix durable, la connaissance collective, l’inclusion et le respect des entités ». Avant même sa sortie, l’ouvrage qui défend le mode de fonctionnement de l’État de Cabral Libii, suscitait déjà des critiques. Pourtant il s’agit d’une proposition qui apporte l’idée d’un état moderne qui rassemble toutes ses forces et renforce le vivre-ensemble entre les communautés.
Pour le Pr. Armand Leka Essomba, cette offre politique est loin des relents tribalistes et de repli identitaire qu’on lui prête à la seule lecture du titre. Un point de vue que partage le Pr Joél Narcisse Meyolo. Préfacier, il écrit : « Loin d’être un repli identitaire, il s’agit plutôt de rationaliser efficacement l’existant ». Autrement dit, le livre examine la possibilité de rendre l’État capable d’agréger et de concilier les singularités qu’il mettre en confiance. Le fédéralisme communautaire s’impose alors, du point de vue du Pr. Joël Narcisse Meyolo, « comme une offre sérieuse dans le chantier des propositions de sortie de crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, mais également dans la marche du Cameroun vers son destin de grande Nation ».
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