Vers une professionnalisation des vendeuses du poisson à la braise
L’odeur entêtante de fumée et d’épices torréfiées flotte toujours sur le boulevard du Nyong. Mais depuis une semaine, les traditionnelles braiseuses de poissons de Douala ne se contentent plus de nourrir les estomacs. Sous l’impulsion du cabinet Sphinge, elles revendiquent leur place dans l’écosystème gastronomique camerounais. La 4ᵉ édition de Ndema la Sue (« Fête du poisson » en langue bassa) a transformé ces artisanes de l’ombre en véritables entrepreneures, le temps d’un festival qui mêle savoir-faire ancestral et ambitions économiques.
Elles s’appellent Maman Adèle, Reine des Grills ou simplement « la Dame du carrefour Vogt ». Chaque soir, ces femmes font frémir des milliers de poissons sur leurs braseros improvisés. Un métier informel, mais vital : au Cameroun, 65 % du poisson consommé transite par leurs mains expertes. Pourtant, jusqu’ici, aucune reconnaissance officielle.
« On nous traite comme des vendeuses de cacahuètes, alors qu’on maîtrise des techniques de cuisson complexes », lance Martine, 42 ans, finaliste d’un concours Reines de la braise.
Depuis 2022, le programme porté par Loveline Menchum, fondatrice du cabinet Sphinge, forme ces artisanes aux normes d’hygiène, à la gestion financière et même au storytelling culinaire. Objectif : transformer un gagne-pain précaire en filière structurée.
Sous le hangar éphémère du boulevard de la République, l’événement a pris des airs de vitrine nationale. Sur les étals, la carpe de Bamendjin voisine avec les grenouilles Goliath de Manengolè un met rare habituellement réservé aux initiés. « Chaque région a ses trésors ignorés », commente un chef étoilé venu coacher les participantes.
Un « buffet 237 » où s’alignent 40 espèces locales préparées selon des méthodes transmises de mère en fille. Ici, le kanga d’Akonolinga fumé au bois de mangue, là-bas le maban de Kribi mariné au citron sauvage. « Ces saveurs méritent des labels, pas juste des feuilles de bananier », plaide Loveline Menchum, arpentant les stands en tenue traditionnelle ndop.
Derrière les effluves alléchantes se cache un enjeu de souveraineté. Avec un déficit annuel de 100 000 tonnes de poisson (comblé par des importations onéreuses), le Cameroun mise sur ses 4 millions d’hectares de plans d’eau. « Chaque braiseuse est une ambassadrice de notre potentiel halieutique », souligne un expert des métiers halieutiques, partenaire technique de l’événement.
Les chiffres parlent : selon la Caisse de Développement de la Pêche Maritime (CDPM), professionnaliser ces femmes pourrait créer 15 000 emplois directs d’ici 2030. Un pari que soutient le MINEPIA, parrain officiel, via des microcrédits adaptés aux mareyeuses.
Mais le chemin reste semé d’épines. Si 120 braiseuses ont obtenu leur certificat d’hygiène alimentaire cette année, beaucoup peinent à sortir de l’informel. « Comment déclarer un commerce qui tient dans deux bassines ? », interroge Jeanne, 54 ans, tout en retournant des tilapias du Moungo.
La promotrice reste optimiste : « En 2022, on parlait de “femmes pauvres”. Aujourd’hui, les investisseurs nous contactent pour créer des franchises de braisage ». Preuve de ce changement : trois lauréates du concours 2024 s’apprêtent à ouvrir des « kiosques modèles » avec l’appui de la mairie de Douala.
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