La situation de la pauvreté au Cameroun préoccupe la Banque mondiale, qui a récemment publié des projections alarmantes sur l’avenir économique du pays. Selon ces prévisions, le taux d’extrême pauvreté pourrait atteindre 25% d’ici 2026, touchant environ 8 millions de Camerounais.
Ces chiffres font écho aux conclusions de la 5e Enquête camerounaise auprès des ménages (ECam5) menée par l’Institut national de la statistique (INS), qui révèle que près de deux Camerounais sur cinq vivent en dessous du seuil national de pauvreté, fixé à 813 FCFA par jour et par personne.
L’indice de Gini, qui mesure les inégalités économiques, a légèrement progressé, passant de 0,44 à 0,43 entre 2014 et 2021. Cependant, malgré cette légère amélioration, les inégalités demeurent un obstacle majeur à la réduction de la pauvreté. L’ECam5 souligne que les 20% les plus riches consomment environ 10 fois plus que les 20% les plus pauvres, mettant en lumière une répartition inégale des ressources économiques.
Le Cameroun est également confronté à des défis économiques exacerbés par des conflits dans 6 des 10 régions du pays, ainsi que par les effets du changement climatique sur les ressources naturelles, essentielles pour l’agriculture, principale source de revenus pour 4 travailleurs sur 10. Les données de l’INS indiquent une augmentation de l’incidence de la pauvreté, passant de 37,5% à 38,6% entre 2014 et 2021, ce qui témoigne d’une légère détérioration de la situation.
Face à cette réalité préoccupante, la Banque mondiale appelle à des mesures immédiates et stratégiques. L’institution estime qu’en réaffectant les économies budgétaires réalisées à partir de la réduction des subventions aux carburants à des dépenses productives, notamment des investissements dans les programmes sociaux et le capital humain, il serait possible d’apporter un soutien immédiat aux pauvres et aux vulnérables. Cependant, pour parvenir à une réduction durable de la pauvreté, la Banque mondiale souligne l’impératif d’accélérer la croissance économique afin de créer davantage d’emplois décents et de réduire les disparités socio-économiques profondes qui entravent le développement inclusif du Cameroun.
Gilles Noubissie