Aboubakary Abdoulaye, descendant de la famille royale de Rey Bouba, exerce un pouvoir significatif en tant que Lamido, titre transmis de père en fils dans certaines traditions musulmanes du Cameroun.
La chefferie de Rey Bouba, bien qu’ancienne et respectée, a fait l’objet de critiques, notamment pour sa gestion des affaires locales. Cette gestion, parfois perçue comme autoritaire, soulève des préoccupations quant aux droits fonciers et au traitement des groupes marginalisés, qui ne disposent pas toujours d’un espace pour exprimer leurs préoccupations.
Bien qu’Aboubakary Abdoulaye soit décrit comme un gardien des coutumes peules, cette influence traditionnelle est vue par certains comme un frein à une gouvernance plus inclusive.
De la Chefferie au Sénat: Un Parcours Facilitant le Pouvoir Central
Parallèlement à son rôle traditionnel, Aboubakary a construit une carrière politique nationale au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC).

Nommé sénateur en 2013 lors des premières élections sénatoriales au Cameroun, il a su tirer parti de son statut de chef traditionnel pour s’imposer dans le paysage politique.
En 2023, il accède à la présidence du Sénat, devenant ainsi le deuxième personnage de l’État, après le Président de la République. Son parcours est souvent perçu comme intimement lié au soutien du pouvoir central, particulièrement de Paul Biya, avec qui il entretient de bonnes relations.
Cette proximité avec le pouvoir en place lui permet de renforcer son influence, mais elle questionne son autonomie et sa capacité à promouvoir des réformes indépendantes.
Un Leader dans l’Ombre du Pouvoir
Aboubakary Abdoulaye est respecté pour sa discrétion et son attachement aux valeurs traditionnelles, mais cette loyauté est aussi vue comme un frein potentiel aux changements sociopolitiques dans la région du Nord et au Cameroun en général.
Bien que son rôle soit perçu comme stabilisateur, cette position suscite des interrogations sur son aptitude à être une force de transformation dans un contexte politique marqué par une forte centralisation du pouvoir.
Son alignement avec le régime actuel le place dans une posture où, malgré son influence et son parcours ascendant, son rôle semble servir la continuité politique davantage qu’il ne répond aux attentes de renouvellement et de modernisation que certains espèrent pour le Cameroun.