Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, les inondations de cette saison ont atteint des proportions dévastatrices, causant des dégâts matériels et humains sans précédent. Depuis plusieurs semaines, les pluies torrentielles ont transformé les rivières en torrents incontrôlables, balayant tout sur leur passage et submergeant des villages entiers. Des centaines de familles ont été contraintes de fuir leurs foyers, emportant avec elles ce qu’elles pouvaient sauver. Pour beaucoup, il ne reste que des ruines et des champs engloutis par les eaux.

Les infrastructures, déjà fragiles, n’ont pas résisté. Routes impraticables, ponts endommagés, maisons en terre effondrées… Dans les zones rurales, des villages sont désormais coupés du monde. L’économie locale, largement basée sur l’agriculture, subit un coup terrible. Les cultures, qui devaient garantir la subsistance de milliers de familles, sont complètement détruites, laissant entrevoir une insécurité alimentaire accrue dans les mois à venir. Pour les populations locales, chaque récolte perdue est une épreuve de plus qui s’ajoute à des années de lutte contre la pauvreté et les conflits.
Les pertes humaines sont tout aussi lourdes. Dans certaines localités, les autorités font état de plusieurs décès, tandis que des dizaines de blessés sont encore pris en charge dans des centres de santé débordés. Le désespoir se lit sur les visages, alors que de nombreux sinistrés errent dans les rues à la recherche d’abris temporaires. Selon les témoignages recueillis, certains parents ont perdu de jeunes enfants, emportés par les eaux violentes, et de nombreux habitants sont encore à la recherche de proches portés disparus.

L’intervention des autorités locales, des ONG et de certaines organisations internationales, comme la Croix-Rouge et Médecins Sans Frontières, a permis de fournir un soutien d’urgence. Cependant, face à l’ampleur de la catastrophe, les moyens déployés s’avèrent insuffisants. Le préfet de la région a exprimé son inquiétude, appelant le gouvernement et les partenaires internationaux à une mobilisation accrue. Des camps de fortune ont été installés pour accueillir les déplacés, mais les conditions de vie y sont précaires, avec un manque criant d’eau potable, de vivres et de médicaments.
Les habitants, épuisés mais résilients, font face à une double épreuve : reconstruire leurs vies, tout en espérant éviter de nouvelles inondations alors que la saison des pluies n’est pas encore terminée. Pour cette population souvent marginalisée, les inondations viennent rappeler la vulnérabilité d’une région déjà marquée par des défis économiques et sécuritaires.
Aujourd’hui, plus que jamais, la communauté locale se serre les coudes, espérant que cette tragédie attire enfin l’attention des autorités sur la nécessité d’investir dans des infrastructures plus résistantes et des systèmes d’alerte précoce. Car ici, dans l’Extrême-Nord, les inondations ne sont pas qu’un phénomène saisonnier : elles sont devenues une menace constante, pesant lourdement sur l’avenir de toute une région.
Bachirou Elhadj BDO