La ville de Maroua, capitale régionale de l’Extrême-Nord du Cameroun, est en proie à un fléau inquiétant : pas moins de 40 accidents de moto taxis sont enregistrés chaque semaine. Une situation alarmante attribuée en grande partie à la conduite imprudente des motos-taxis, plus grand moyen de transport dans cette métropole animée.
À Maroua, les motos-taxis, omniprésents dans les rues, constituent le principal moyen de déplacement pour les habitants. Cependant, leur conduite souvent imprévisible et non respectueuse du code de la route est la cause de plusieurs accidents. Les conducteurs, pour la plupart des jeunes en quête de moyens de subsistance, roulent souvent à vive allure, sans casque, et ignorent les règles élémentaires de sécurité.
“Certains taximen conduisent sans permis, prennent des virages dangereux et dépassent en pleine circulation. Ces comportements mettent en danger non seulement les passagers mais aussi les piétons”, explique un agent de santé de l’hôpital régional de Maroua, habitué à soigner les victimes d’accidents de moto.
Malgré la présence visible de la police routière dans les carrefours de la ville, le problème persiste. Les habitants dénoncent une inaction de ces agents censés réguler le trafic et sensibiliser les usagers.
“Les policiers sont assis sur leurs motos toute la journée, attendant que les accidents se produisent pour intervenir. Au lieu de conseiller les usagers, surtout les plus âgés, à respecter le code de la route, leur rôle se limite à arrêter les motos accidentées pour réclamer de l’argent”, déclare Amadou, un habitant de Maroua.
Ces accusations soulèvent des interrogations sur l’efficacité du dispositif policier et sur la nécessité d’une réforme de la gestion de la sécurité routière dans la ville.
À l’approche des fêtes de fin d’année, la situation devient encore plus critique. Les rues de Maroua, déjà bondées, sont envahies par une circulation encore plus dense, augmentant le risque d’accidents. “C’est une période où tout le monde est pressé. Si les conducteurs de motos ne font pas preuve de prudence, les chiffres pourraient encore grimper”, avertit un responsable local.
Pour remédier à cette crise, plusieurs pistes sont évoquées par les habitants et les experts locaux . Entre autres, la sensibilisation accrue. Celle ci passe par l’organisation des campagnes éducatives pour inciter les conducteurs de motos à adopter des comportements responsables; le renforcement des contrôles effectué par la police routière, ce dernier doit passer de la simple présence passive à une régulation proactive du trafic; la formation des conducteurs, en imposant des formations obligatoires pour obtenir un permis de conduire moto; enfin l’amélioration des infrastructures. L’objectif étant de revoir les aménagements routiers pour fluidifier la circulation et réduire les risques.
Alors que les fêtes approchent, les autorités et les habitants de Maroua appellent à la vigilance. “Nous devons tous être prudents. La sécurité routière est l’affaire de tous”, conclut un chef de quartier.
Les défis restent immenses, mais avec des efforts concertés entre les autorités, les conducteurs de motos et les habitants, Maroua peut espérer réduire ces statistiques inquiétantes et assurer une circulation plus sécurisée pour tous.
Bachirou Elhadj BDO