Comment le pouvoir a réussi à museler la conférence épiscopale – Réunis autour du 48ème Séminaire annuel des évêques du Cameroun qui s’est tenu dans le diocèse de Buéa, les prélats ont pondu un message final, moins virulent que celui que certains avaient délivré quelques semaines plutôt au sujet d’une candidature du président de la République.
La montagne a finalement accouché d’une souris. C’est le sentiment que laisse au sein de l’opinion nationale le dernier séminaire annuel des évêques du Cameroun qui s’est tenu à Buea. Présenté au sein de l’opinion par certains comme étant le moment « de rupture » entre l’Église catholique et le régime de Yaoundé, le communiqué final de ce synode épiscopal a plutôt sagement évité de heurter le pouvoir en place. Une grosse déception pour ceux qui veulent en découdre avec le régime de Yaoundé et qui comptait sur un poids lourd comme la Conférence des eveques. Qu’est ce qui s’est donc passé pour que certains évêques virulents il y a quelques semaines se réduisent à parler uniquement des problèmes de société.
Selon plusieurs sources, tout est parti de la rencontre, le 8 janvier dernier entre Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale et Monseigneur José Avelino Bettencourt, le Nonce Apostolique, au lendemain des piques lancés par les évêques au sujet de la candidature de Paul Biya. Pendant cette retrouvaille, le patron de l’administration territoriale aurait plaidé pour son hôte impose un « cessez-le-feu » chez les évêques qui s’attaquaient directement au pouvoir de Yaoundé. Paul Atanga Nji aurait ainsi mis en avant les relations diplomatiques pacifiques entre l’Église et l’État au Cameroun.
Rendu à Buea pour assister à la cérémonie de clôture du 48 e séminaire annuel des évêques qui s’y tenait sous le thème « vivre la synodalité dans le contexte de notre Église locale», le représentant du pape aurait pesé de tout son poids, lors du huis-clos, pour que le document final de cette rencontre de sept jours évite de heurter le régime en place.
Un prêtre contacté a expliqué que le Nonce apostolique qui est le représentant du pape n’a aucun pouvoir direct sur les évêques, selon le droit canonique. Il ne devrait pas donc dire aux évêques ce qu’ils doivent faire ou dire. Mais dans le contexte du Cameroun et des pays du tiers monde en général, les Nonces apostoliques ont un pouvoir sur les évêques », explique notre source. Elle ajoute que si le Cameroun avait un cardinal, ça aurait été différent, parce que le Nonce apostolique ne peut pas influencer un cardinal qui est en effet le conseiller direct du pape avec une juridiction universelle.