La Banque mondiale débloque 400 millions de dollars pour “renforcer la transparence” des finances publiques camerounaises. Un soutien financier massif qui interroge, tant les précédents fonds ont été engloutis dans un système miné par le clientélisme et la mauvaise gouvernance.
Le Cameroun, classé 142ᵉ sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, reçoit un nouveau prêt de 239,6 milliards de FCFA. Objectif affiché : assainir les finances publiques. Un paradoxe, alors que des milliards disparaissent chaque année dans des détournements structurels.
Le premier volet, un “appui budgétaire”, doit soutenir la “résilience climatique” et les “services sociaux”. Pourtant, en 2023, la Cour des comptes a révélé que 45 % des fonds destinés aux projets sociaux n’avaient jamais atteint leurs bénéficiaires. Quant aux infrastructures “durables”, le scandale des routes non construites mais déjà payées (85 milliards de FCFA détournés entre 2020 et 2024) laisse sceptique.
La Banque mondiale vante un renforcement de la “responsabilité” et de “l’équité fiscale”. Mais en 2022, un rapport interne du FMI pointait l’absence de sanctions contre les hauts fonctionnaires impliqués dans des surfacturations. Malgré des promesses répétées, Yaoundé n’a toujours pas mis en place un cadastre fiscal fiable, permettant aux multinationales et élites locales d’échapper à l’impôt.
“Ces fonds serviront-ils vraiment à la population, ou à renflouer un système clientéliste ?”, s’interroge un économiste camerounais sous couvert d’anonymat. Les précédents prêts de la Banque mondiale n’ont pas enrayé la dilapidation des fonds publics : en 2024, le budget santé était amputé de 22 milliards de FCFA détournés dans des achats fictifs de médicaments, selon une enquête parlementaire.
La Banque mondiale mise sur des “réformes audacieuses”. Mais sans un contrôle indépendant et des sanctions réelles, ce nouveau financement risque d’alimenter le même cercle vicieux : l’argent coule, la transparence reste un vœu pieu.