Trois ans après l’annonce d’un projet de gestion des déchets à Yaoundé et Douala, le Cameroun continue d’étouffer sous les montagnes d’ordures. Dans une intervention exclusive ce dimanche dans l’émission Club d’Élites sur Vision 4, Hilaire Kamga de l’offre Orange, a révélé les dessous d’un échec cuisant : un investissement de 267 milliards de FCFA bloqué par des luttes d’influence, des querelles administratives et ce qu’il qualifie de « petits calculs égoïstes ».
« Ça fait trois ans que le problème des ordures à Yaoundé et Douala aurait déjà dû être résolu », a-t-il lancé, visiblement frustré. Selon lui, des investisseurs étaient prêts, les fonds débloqués, et son cabinet – qu’il n’a pas nommé – avait été mandaté pour piloter l’opération. Mais malgré l’implication de hautes autorités, dont le Secrétariat général de la Présidence (SGPR), le Ministère des Finances (MINFI), le Ministère de l’Administration territoriale (MINATD) et même la Primature, le projet n’a jamais vu le jour.
Le principal point de blocage ? La propriété des déchets. « Comme il y avait de l’argent en jeu, certains se sont demandé comment on allait payer les déchets », a-t-il déploré. En clair, les mairies, qui détiennent légalement la gestion des ordures, auraient fait obstacle, exigeant des contreparties financières ou cherchant à garder la main sur cette manne insoupçonnée.
« Nous avons été bloqués dans des réunions à la Primature, souvent pour des questions de détails », a-t-il confié, sans nommer les responsables mais laissant entendre que des rivalités administratives et des intérêts personnels ont eu raison du projet.
Pour Hilaire Kamga, cet échec est symptomatique d’un problème plus large : la mauvaise gouvernance. « Si la gouvernance camerounaise fonctionnait bien… », a-t-il laissé tomber, sous-entendant que les lourdeurs bureaucratiques et les conflits d’intérêts privent les villes de solutions pourtant financées.
Alors que Yaoundé et Douala croulent sous les déchets, avec des conséquences sanitaires et environnementales désastreuses, cette révélation pose une question : quand les autorités camerounaises mettront-elles de côté leurs rivalités pour régler l’urgence des ordures ?
En attendant, le projet dort dans les tiroirs, et les Camerounais continuent de vivre au milieu des immondices.