Alors que l’opposition se plaint depuis plusieurs années des refus systématiques de leurs manifestations politiques par l’administration du pouvoir en place, le parti au pouvoir tente de faire diversion en simulant un semblant de démocratie. Récemment, Boukar Abdourahim, directeur du cabinet de Cavaye Yeguie Djibril, président de l’Assemblée nationale, a fait une annonce qui a provoqué des réactions au sein de sa propre formation politique. Il a en effet déclaré le lancement d’un mouvement, « 100 000 jeunes unis derrière le président Paul Biya en 2025 », prévu pour le 10 mai à Maroua. Ce mouvement qui se veut être un appel à un soutien massif en faveur de Paul Biya pour les élections présidentielles d’octobre prochain, a été mal accueilli par le RDPC.
En effet, Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la communication du parti, a rapidement réagi en affirmant que cette initiative n’avait pas été validée par les instances compétentes. En feignant d’ignorer l’identité de Boukar Abdourahim, il a souligné que toute mobilisation politique doit passer par les canaux appropriés et recevoir une approbation préalable. Sa demande de mettre un terme à cette initiative a été clairement exprimée, révélant ainsi les luttes internes qui secouent le parti.
Ce développement s’inscrit dans un contexte plus large de rivalités internes au sein du RDPC, où plusieurs factions se disputent le pouvoir et l’influence. Boukar Abdourahim, qui a su s’imposer dans la région de l’Extrême-Nord, provoque des inquiétudes parmi les dirigeants du parti, d’autant plus que le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et d’autres partis d’opposition commencent à accroître leur influence dans cette région traditionnellement dominée par le RDPC.
Boukar Abdourahim n’est pas un novice sur la scène politique. Titulaire de diplômes de l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) ainsi que de l’École Nationale d’Administration de Paris, il a été un fidèle collaborateur de Cavaye Yeguie Djibril depuis plus de trente ans. Sa volonté de défendre son mentor, même dans les moments difficiles, a renforcé sa position. En novembre 2023, il avait été limogé dans un contexte de tensions internes, mais avait réussi à contester cette décision, consolidant ainsi sa stature au sein du cabinet.
À l’approche de cet événement, il est difficile de prédire l’évolution de la situation. L’initiative audacieuse de Boukar Abdourahim pourrait non seulement raviver le soutien à Paul Biya, mais aussi le positionner comme un acteur central dans le leadership du RDPC. Ce qui amène beaucoup à affirmer qu’il s’agit seulement d’une stratégie pour faire croire à l’opinion publique nationale et internationale, qu’il existe au Cameroun, une démocratie aboutie. Pourtant, il y a 24h, les manifestations du MRC, FCC et le point de presse du PCRN ont connu des perturbations, certains avec l’interdiction de tenir leur meeting, et pour le dernier, une irruption des gendarmes au siège du parti alors que son leader s’apprêtait à dévoiler son budget de campagne électorale.