La ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga, a lancé des missions de contrôle dans les établissements scolaires pour vérifier l’assiduité du personnel, quelques jours avant une grève nationale annoncée à partir du 21 avril 2025. Les syndicats, réunis au sein du Collectif des organisations de l’éducation (Corec), réclament un Forum national de l’éducation et un statut spécial pour les enseignants, tandis qu’un collectif pro-gouvernemental tente de contrer le mouvement.
Depuis début avril, des équipes du ministère des Enseignements secondaires sillonnent les établissements scolaires camerounais pour « collecter des données sur la présence du personnel ». Dans une lettre du 8 avril, la ministre Nalova Lyonga a exigé des chefs d’établissement qu’ils transmettent « sur support physique et numérique » les informations relatives à l’assiduité des enseignants. Bien que officiellement présentée comme une routine administrative, cette opération est perçue par les syndicats comme une mesure préventive contre la grève prévue le 21 avril, en vue de « sanctions ciblées » contre les grévistes.
Le Corec, qui fédère plusieurs syndicats, exige la tenue urgente du Forum national de l’éducation, promis par le gouvernement mais sans date fixée depuis des semaines. Les enseignants souhaitent que cet événement, jugé crucial pour réformer le système éducatif, se tienne « avant l’élection présidentielle d’octobre 2025 ». Autre demande clé : l’adoption d’un statut spécial des enseignants, garantissant des avantages sociaux et des conditions de travail améliorées. « Le gouvernement traîne les pieds, alors que ces dossiers sont bloqués depuis des années », dénonce un représentant syndical sous anonymat.
Face à la mobilisation, le Collectif des enseignants du Cameroun, se présentant comme soutien de l’action gouvernementale, mène une campagne anti-grève dans la région du Centre. Dans une lettre du 16 avril, il assure *« sensibiliser les directeurs et enseignants à ne pas perturber la rentrée du troisième trimestre ». Cette initiative, perçue comme une tentative de division par le Corec, illustre les tensions croissantes au sein de la profession.
Le Cameroun fait face à des défis structurels dans l’éducation : effectifs pléthoriques, salaires impayés, et infrastructures dégradées. La crise anglophone, depuis 2016, a encore fragilisé le système, avec des milliers d’écoles fermées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le Forum national de l’éducation, réclamé depuis 2018, est censé proposer des solutions, mais son report répété alimente la colère des enseignants.
- Pour le gouvernement : Les contrôles d’assiduité visent à limiter l’impact de la grève, dans un contexte préélectoral tendu.
- Pour les syndicats : La grève du 21 avril est un ultimatum pour obtenir des engagements concrets.
- Pour les enseignants : Le statut spécial est perçu comme une reconnaissance nécessaire de leur rôle, après des années de promesses non tenues.
La ministre Nalova Lyonga a insisté sur « l’importance d’appliquer strictement les instructions », se déclarant « particulièrement sensible à leur mise en œuvre ».
GN