Un communiqué publié cette semaine a annoncé la création de CSTAR, une société de projet (Special Purpose Vehicle) dédiée à la construction d’un dépôt stratégique de 250 000 tonnes de réserves pétrolières à Kribi. Cette entité résulte d’un partenariat entre la Société nationale des hydrocarbures (SNH), sa filiale Tradex SA et le consortium Ariana Energy.
Le pacte d’actionnaires a été signé le 25 avril à Dubaï. De manière notable, l’administrateur directeur général de la SNH, Adolphe Moudiki, s’est fait représenter à cette signature par son épouse, Nathalie Moudiki. Cette dernière a ensuite présidé la première session du conseil d’administration de la nouvelle société, cumulant les fonctions de présidente et de Chief Executive Officer.
Mme Moudiki a présenté ce projet comme s’inscrivant dans la vision du président Paul Biya visant à faire du Cameroun un hub énergétique en Afrique centrale. Elle y voit “un levier, un accélérateur et un symbole” de coopération entre partenaires.
Cette configuration soulève cependant plusieurs interrogations. D’abord sur la légitimité de l’épouse du DG à engager une entreprise publique dans un tel projet. Ensuite sur l’extension des prérogatives de la SNH, dont le cœur de métier traditionnel concerne l’exploration pétrolière et la commercialisation des hydrocarbures, et non le stockage.
Cette fonction relève en effet historiquement de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), établissement public créé en 1979 qui détient légalement le monopole du stockage et de la distribution des produits pétroliers sur l’ensemble du territoire national. La SCDP gère actuellement un réseau de dépôts répartis dans toutes les régions du pays, ainsi que des centres de remplissage de gaz.
La création de CSTAR interroge donc sur une éventuelle redéfinition des rôles entre institutions pétrolières publiques, ainsi que sur les processus de gouvernance ayant conduit à cette nouvelle structure sous la direction de la conjointe du patron de la SNH. Ces questions pourraient alimenter le débat public dans les prochains jours quant à la transparence et à la régularité de cette opération stratégique pour la sécurité énergétique nationale.