Le gouvernement camerounais a officiellement lancé une opération d’emprunt sur les marchés financiers internationaux pour un montant maximal de 200 milliards de FCFA. Cette décision, entérinée par décret présidentiel du 19 mai dernier, vise à apurer les difficultés de trésorerie que traverse l’administration publique en cette période de tensions financières.

L’initiative s’inscrit dans le cadre de la loi de finances 2025 qui prévoit des mécanismes de flexibilité budgétaire. Selon des sources gouvernementales, ces fonds permettront de couvrir les besoins urgents de l’État tout en maintenant les équilibres macroéconomiques. Le texte a été adopté selon une procédure accélérée, devant être publié en urgence au Journal officiel dans ses deux versions linguistiques.
Cette opération intervient dans un contexte économique marqué par plusieurs défis. La dette intérieure a récemment franchi le seuil des 3.900 milliards de FCFA, tandis que les retards de paiement aux fournisseurs de l’État continuent de s’accumuler. Par ailleurs, le secteur énergétique national traverse une crise sans précédent avec le ralentissement de la production hydroélectrique.
Les modalités précises de l’emprunt restent à préciser. Le ministère des Finances devrait opter soit pour une émission d’obligations sur les marchés internationaux, soit pour un prêt direct auprès d’institutions financières étrangères, à l’image de l’opération conclue avec Citi Group en 2024. Les conditions financières (taux, durée, garanties) n’ont pas encore été dévoilées.
Cette nouvelle dette s’ajoutera à un stock déjà important, estimé à environ 40% du PIB national. Des économistes s’interrogent sur la soutenabilité de cette approche à moyen terme, alors que le service de la dette absorbe une part croissante des recettes budgétaires. “L’urgence justifie peut-être le recours à l’emprunt, mais la vraie question est celle de l’utilisation de ces fonds”, commente un analyste financier basé à Douala.
Le ministre des Finances devrait présenter dans les prochains jours le détail de cette opération, notamment son calendrier et ses mécanismes de mise en œuvre. Cette annonce intervient alors que le pays prépare l’exécution du budget 2025 dans un environnement économique régional et international marqué par l’incertitude.