L’usage funeste que les colons français faisaient de cet endroit avait été interrompu d’un acte de bravoure d’un des exécutés.
Le 10 Mai ne figure nulle part dans l’histoire du Cameroun comme l’une des dates importantes. Pourtant elle revêt une très grande charge symbolique. Faisant face à la résistance de combattants nationalistes, les forces cyniques françaises avaient choisi les chutes de la Metché pour exécuter tous ces combattants et leurs complices mis aux arrêts. Cette sombre activité se déroulait bien jusqu’au 10 mai 1957.
Sorti de la prison de Dschang le 9 mai 1957 où il était en détention, Jacob Fossi fut conduit aux chutes de la Metché où il devait subir le même sort que plusieurs de ses camarades de luttes. Quand vint son tour d’être jeté vivant dans ces chutes d’environ 100 mètres de profondeur, il demanda que le commandant français Houtarde, commis pour la tâche, lui accorda quelques minutes, le temps de lister la liste des autres combattants et le lieu où ils peuvent être retrouvés.
Il exigea de le faire seulement dans le creux de l’oreille de son geôlier afin de personne d’autre n’en soit au courant. C’est ainsi que le commandant Houtarde s’avança et tendit bien son oreille pour écouter le secret qui allait lui être livré. Pourtant, il n’en était rien. C’était bien une ruse de cet ancien leader de l’Upc dans la Région Bamiléké de l’époque. S’étant rassuré que le commandant Houtarde était bien collé à lui, il l’arrêta au niveau de la hanche et se lança dans les chutes. À la suite de cet acte, tous les autres prisonniers qui attendaient leur tour d’être exécutés furent libérés.
Depuis ce jour, cessa la sale pratique instaurée par l’armée française et qui avait été utilisée pour ôter la vie à plusieurs milliers de combattants nationalistes.