Installés à des coins de rues ou se baladant avec ces aliments dans des plats, ils essayent de se faire un maximum de revenus pour préparer la prochaine rentrée scolaire.
Muni d’une sacoche de couleur rouge, d’un couteau à la main gauche et d’un vieux couvercle de sceaux qu’il utilise pour attiser les braises, Hermann Nerchie, la dizaine, s’active à rendre plus chaud son four de fortune, une vieille assiette en inox remplie de pierre et de charbon. Sur un grillage, sont disposés des plantains ressortant des traits obliques laissés par le couteau. Tout à côté de ces plantains mi-jaunes, mi-marrons, des safous, leur compagnon préféré. Ce duo est un délice pour nombre de personnes. Et leur commercialisation, une grosse opportunité de se faire de l’argent pour Hermann et plusieurs de ses congénères depuis le début des vacances scolaires.
Il fait un temps de canard après une forte une pluie à 15 heures ce 24 juillet 2022, mais rien ne semblent dissuader Hermann et son frère cadet Junior (8 ans) installés au lieu-dit ‘’Carrefour Force de Dieu’’ pour qui seul gagner leur journée compte. « Nous ne sortons pas les matins parce qu’il n’y a presque pas de clients à ce moment de la journée ; chacun vaque à ses occupations. Par contre, en soirée, le carrefour est rempli de monde et la vente est plus fluide pour nous », confie Hermann, la tête baissée, un bonbon dans la bouche. Loin d’être un handicap pour eux, le froid glacial qui prend place après les fortes pluies devenues quasi-quotidienne ces derniers temps dans la capitale de l’Ouest, sont plutôt un atout. Car beaucoup optent pour les aliments chauds. « Lorsque nous vendons, nous gagnons entre 500 et 2000 Fcfa. Le bénéfice est fonction du prix du régime de plantain. Un régime de 3000 Fcfa nous donne un bénéfice de 1500 Fcfa », renseigne Hermann. Le revenu issu de la vente des safous peut arrondir leur gain journalier à environ 2000 Fcfa quand la ‘’ Force de Dieu’’ était avec eux.
Hermann et son frère auraient pu mieux glaner des bénéfices, mais à ce carrefour, ces vendeurs saisonniers et les ‘’professionnels’’ se livrent une concurrence sans merci. La plupart du temps, pour ne pas rentrer bredouille, ils sont contraints de ratisser large. Junior remplit la marchandise dans un plat et va à la conquête des clients. Débits de boissons et autres lieux de forte fréquentation, rien ne lui échappe. « Je parcours une grande distance qui se résume sur le tronçon du carrefour Fore de Dieu jusqu’à la mosquée centrale de Bafoussam. J’entre surtout dans les bars, les boutiques et les salons de beauté pour présenter la marchandise. Les clients achètent les plantains et les prunes malgré qu’ils ne soient plus chauds. Parfois, certaines personnes sont réticentes lorsque je m’approche d’eux. Et c’est avec des mots valorisant la marchandise que je parviens à les vendre », indique Junior qui dévoile son astuce fétiche pour aguicher les clients. « Je dis : ‘’plantains bien chaud, plantains bien chaud…prunes qui ne sont pas acides’’… ». Il lance ces paroles de manière itérative tout au long de son trajet. Le plus important est d’atteindre les objectifs assignés au début de ce business. « Mon objectif est de chercher de l’argent pour ma scolarité afin de préparer la rentrée scolaire 2022-2023 », révèle son frère ainé.
Comme Junior et Hermann, les adolescents du Département de la Mifi se sont engagés dans pareilles activités commerciales dès la fin de l’année scolaire 2021-2022.