L’avocat au barreau du Cameroun était l’invité de Radio France Internationale (RFI) hier, à l’occasion de l’anniversaire de l’enlèvement du chef de chaîne d’Amplutide FM à Yaoundé.
L’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo est loin d’avoir rendu son verdict. Me Claude ASSIRA, avocat au barreau du Cameroun, est pessimiste quant au dénouement. “J’ai du mal à comprendre le qualificatif de simple torture qui a été retenu et qui donne à penser que ce n’était que des menaces qui étaient envisagées et que les tortures utilisées en vue de ces menaces ont accidentellement conduit à la mort et pourtant tout le monde sait très bien que si vous torturez une personne, il va arriver à un moment où à un autre que son corps est susceptible de lâcher et conduire à la mort”, argue-t-il. Cette situation est d’autant plus surprenante que l’on n’est pas encore à l’étape du procès. “Je n’imagine pas une seule seconde qu’on soit arrives à ce niveau de déploiement des moyens d’investigation et qu’il ne puisse pas y avoir l’issue normale, c’est-à-dire un procès, s’étonne l’avocat. En revanche, je crains que le procès soit un procès cadenassé au regard de l’agitation que je vois de ci, de là et de la façon dont ça fonctionne habituellement, c’est-à-dire les passe-droit, les couvertures, etc.”
Les différentes versions enregistrées tout au long des enquêtes constituent également un frein à l’avancée de l’affaire. Cependant, “Il y a une trame qui reste presque toujours constante, mais je reconnais parfaitement les prérogatives des confrères, qui sont tout à fait dans leur rôle de mettre le doigt là où ça fait mal. Et en l’occurrence, il se trouve qu’il y’ait des versions différentes et si ces révélations souvent non concordantes permettent de caractériser l’absence de fiabilité de ce témoin, eh bien dans ce cas, ils auront certainement gain de cause”, explique-t-il.
Depuis le début de ce scandale, le ministre de la Justice est cité. Il serait impliqué dans l’assassinat de Martinez Zogo. Pour Claude ASSIRA, un simple communiqué aurait suffi à apaiser les tensions et à dissiper les doutes, “d’autant que ce ne sont pas des fonctions banales qui sont occupées par ce membre du gouvernement, ça aurait été le minimum”.
Pour Me ASSIRA, ce crime est la preuve d’un niveau exagéré de “violence, de bestialité et d’animalité qu’on pouvait imaginer dans notre pays que l’on avait souvent tendance à prendre pour un havre de paix”.
Martinez Zogo était le chef de chaîne de la radio Amplitude Fm. Son corps a été retrouvé, mutilé à Ebogo 3 par Soa, une périphérie de la ville de Yaoundé, le dimanche 22 janvier.
Martinez Zogo avait été enlevé quelques jours avant, le mardi 17 janvier 2023.