Au cœur de la brouille, l’ouverture d’une église dénommée Église évangélique du Cameroun décentralisée, qui selon le ministre de l’administration territoriale, n’est pas en règle.
Paul Atanga Nji le ministre de l’administration territoriale et le général de division Esaïe Ngambou ne se portent pas à cœur. Dans une courte vidéo qui fait la ronde des réseaux sociaux, le général trois étoiles ne cache pas son courroux. « J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt la correspondance du ministre de l’Administration territoriale. Vous voudrez bien lui dire que dans un problème où un général de division a mis son nom… il ne saurait me traiter d’individu sans foi ni loi », déclare l’officier supérieur, dans une conversation avec un pasteur.
Le général pense qu’Atanga Nji n’a pas le droit de le traiter ainsi. « Il n’a pas le droit de traiter un général nommé avant lui et peut-être qui partira avant lui. Je suis général toute ma vie (…) Nous ne voulons pas la guerre dans ce pays ! », ajouté-t-il. Avant de conclure: « On ne m’a jamais traité de cette manière. J’aurais l’occasion de le rencontrer. J’espère qu’il sera encore là. Il ne faut pas exagérer ! »
C’est en effet le communiqué signé le 8 juin dernier par Atanga Nji qui met le général dans tous ses états. Dans ce communiqué le Minant écrit : « le ministre de l’Administration territoriale informe l’opinion publique qu’un groupe d’individus sans foi ni loi sillonnent depuis quelque temps nos villes et campagnes, se prévalant d’un mandat de réforme de l’Église évangélique du Cameroun (EEC) sous la dénomination Église évangélique du Cameroun décentralisée, en abrégé EEC-D », peut-on lire dans le document.
Un courrier faisant allusion à la guerre interne dans laquelle l’EEC est empêtrée depuis 2017 et qui a abouti en mai dernier à une scission de fait, avec la création le 21 mai dernier à Foumban de l’EEC-D.
Seulement, la nouvelle église a ouvert ses portes avant que sa demande d’autorisation de fonctionnement déposée le 28 mars au ministère de l’Administration territoriale n’aboutisse. Dans son communiqué du 8 juin dernier, le ministre Atanga Nji, en s’appuyant sur les articles 23 et 24 de la loi du n° 90/53 du 19 décembre 1990 relative à la liberté d’association, prévient alors que « toute association religieuse doit être autorisée » et que cette autorisation « est prononcée par décret du président de la République ». « Il s’agit en matière de liberté de culte, d’une disposition claire et impérative qui ne saurait envoyer à une simple déclaration », ajoute-t-il. Et de préciser : « qu’aucune association religieuse n’a été autorisée sous la dénomination “Église évangélique du Cameroun Décentralisée” ».
Dans une correspondance, signée le même jour, le Minat demande au coordonnateur général de l’EEC-D, le pasteur Euloge Yiagnigni Mfopou, de s’assurer que son église n’a aucun lien avec avec l’Église évangélique du Cameroun. « Je vous demande par ailleurs de veiller à ce qu’aucun élément constitutif de votre association, notamment la dénomination, le siège et le logo, ne suscite la moindre confusion avec l’Église évangélique du Cameroun, autorisée par décret n° 74/853 du 14 octobre 1974 », ajoute Paul Atanga Nji.
Mais le général ne voit que du mépris dans toute cette démarche.
A.A