Alors que les détournements se font leur nid au sein de l’administration camerounaise, le chef de l’Etat qui avait pourtant promis de mener une lutte acharnée contre les prevaricateurs de la fortune publique semble jouer les spectateurs.
Paul Biya ménage-t-il les prévaricateurs de la fortune publique ? La question est dans toutes les lèvres. C’est que selon un rapport de la Commission Nationale Anti corruption ( Conac), les détournements de la fortune publique ont causé près de 5 milliards de francs CFA de préjudice en 2022.
Dans ce rapport de la Commission nationale anti-corruption (CONAC) sur l’état de la lutte contre la corruption publié vendredi, l’on apprend que cette somme représente une baisse de plus de 39 milliards de francs CFA (63 millions de dollars) par rapport à l’année précédente.
Le même rapport souligne que les domaines et les affaires foncières, suivis de l’administration territoriale, des finances, de l’éducation et des marchés publics sont les secteurs les plus touchés.
La Conac fait état de ce que “2.603 dénonciations ont été reçues via la ligne verte, le 1517 ; 3.472 à travers le courrier administratif ; 565 par le courrier électronique et 401 au numéro WhatsApp. Le détournement de biens publics apparaît comme l’infraction majeure avec 1.135 occurrences”, a déclaré à la presse Dieudonné Massi Gams, président de la CONAC, lors de la présentation du rapport à Yaoundé.
Affaire Glencore
Les faits de corruption récents au Cameroun ne concernent pas seulement les actes dénoncés par la Conac. Ils concernent aussi l’affaire du trading pétrolier anglais Glencore, du nom de cette structure d’achat et de vente anglaise de pétrole qui a reconnu au cours du procès intentés contre lui simultanément aux États-Unis et en Angleterre, avoir corrompu des fonctionnaires de la présidence de la République et agents de la SNH, la société qui gère le pétrole camerounais.
L’ancien Bâtonnier au Barreau du Cameroun, Maître Akere MUNA qui a mené de sérieuses investigations sur ce dossier, a indiqué que les réparations au profit du Cameroun pourraient s’élever à plus de 500 milliards FCFA, si l’Etat du Cameroun exigeait des réparations à l’amiable comme l’ont fait plusieurs autres pays à l’instar de la RDC.
Au lieu d’engager cette action hautement porteuse, l’on apprend par le biais de nombreux medias nationaux et étrangers que le président de la République, Paul BIYA a autorisé des poursuites pénales devant le TCS à la suite de la reconnaissance des actes de corruption, contre les agents de la SNH. Autorisation qui fait suite à la saisine du président de la République par l’administrateur directeur général de la SNH, Adolphe Moudiki.
Au sein de l’opinion, on se demande pourquoi le Président Paul BIYA opte prioritairement d’engager une action pénale au Cameroun, au lieu de commettre tout simplement des Avocats camerounais, pour aller récupérer plus de 500 milliards FCFA auprès de GLENCORE en Suisse ? Une bien curieuse démarche ce d’autant plus qu’Adolphe Moudiki l’administrateur directeur général de la SNH qui avait requis l’autorisation du président de la République d’engager les poursuites contre ses collaborateurs, ne peut pas lui-même échapper à ces poursuites tout du moins à cause de sa responsabilité hiérarchique dans tout ce qui se passe au sein de l’entreprise dont il a la charge.
Tout compte fait, on se rend compte que le président de la République a privilégié une démarche moins porteuse et susceptible de donner des résultats biaisés quand on connaît le degré de corruption qui mine les structures comme le Tribunal Criminel Special. Pour certains, Paul Biya semble tout simplement rouler en faveur des prévaricateurs de la fortune publique.
Car même en ce qui concerne les rapports de la Conac, ceux-ci sont rendus chaque année et leurs résolutions n’ont jamais quitté les placards feutrés de la présidence de la République.
Si à ces faits, il faut ajouter les rapports de la chambre des comptes et du contrôle supérieur de l’Etat dont les résolutions n’ont jamais été appliquées, on serait peut-être en droit de dire que le président Paul Biya comme dans tous ses chantiers a encore échoué dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Lui qui promettait pourtant de siffler la fin de la récréation a plutôt sonner la cloche d’un nouveau bal de détournements. Qui vivra verra !!!!
Albert Atangana