Un jour après le triste événement qui a fait une trentaine de morts à Mamfe dans la région du Sud-Ouest, le gouvernement ne s’est pas mobilisé, laissant penser que la vie des personnes mortes calcinées lors de ce drame ne représente rien.
Les cœurs saignent depuis la fatidique matinée d’hier lundi 6 novembre, pour les populations de Mamfe, dans la région du sud-ouest anglophone. Selon les autorités locales, un groupe de personnes armées non identifiées a attaqué, dans la nuit de dimanche à lundi, un quartier de la ville.
Le bilan lourd fait au moins 25 civils tués, dont des hommes, des femmes et des enfants, selon le bilan officiel.
L’attaque, qualifiée de « terroriste » par les autorités camerounaises, a fait plusieurs dizaines de morts , tous des civils. Dix maisons ont été incendiées, en représailles envers les populations civiles locales, soupçonnées de coopérer avec les forces armées gouvernementales, selon les combattants separatistes.
Au sein de la population la nouvelle a suscité l’effroi et de vives réactions en ont suivi. Cabral Libii, le président du Parti Camerounais pour la Réconciliation nationale a parlé de : “Quelle tragédie n’avons-nous pas encore connu dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest de notre pays ?
Nous avons vu les écoles et les églises profanées. Des élèves et enseignants dénudés, puis assassinés… Nous avons vu Mme Ayafor violée, trainée au sol et violemment abattu…
Quelle fresque macabre! Je frissonne de rage face à une telle barbarie!
Mon Dieu ! Je condamne !”, a écrit le député de l’Assemblée nationale.
Malgré la douleur encore vive dans les coeurs des familles des victimes, le Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais ( Rdpc) , au pouvoir n’a pas l’économie des festivités du 41 e anniversaire de l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême. Dans plusieurs localités du pays, les militants du parti de la flamme se sont donnés à coeur joie aux ambiances liées à la fête. Et ce ne sont pas les militants originaires des régions en crise qui ont été épargnés. Dans une vidéo qui circule, on peut voir l’ancien Premier ministre, Philémon Yang se trémousser dans un balai en tenue du Rdpc. Une vidéo qui a choqué plusieurs internautes du fait que Philémon Yang est originaire d’une des régions en guerre. Le pire est que le parti de Paul Biya n’a même pas observé une minute de silence pour saluer la mémoire des victimes.
De son côté, le gouvernement a attendu qu’une journée passe pour pondre un communiqué d’une platitude effrayante. En plus l’on observe un jemenfoutisme du gouvernement dans la gestion de ce drame en comparaison avec la gestion de d’autres drames récents qui ont endeuillé les populations. Lors du drame survenu à Mbankolo il y a quelques semaines, plusieurs ministres se sont rendus sur le site du drame quelques heures seulement après. On a notamment remarqué la présence de Célestine Ketcha Courtes, la ministre de l’habitat et du développement urbain, ainsi que celle de Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale. Sans oublier la descente sur le terrain de Franck Emmanuel Biya, le fils du président de la République.
Mais depuis le drame de Mamfe, aucun membre du gouvernement n’a fait le déplacement pour Mamfe. Même si on pourrait alléguer le problème de la distance et de la sécurité, il n’en demeure pas moins vrai qu’il s’agit d’un traitement de deux poids deux mesures dans la gestion de ces deux drames. Comme pour dire que les morts de Mbankolo font plus mal que ceux de Mamfe. Ce mépris affiché vis à vis de la vie de certains anglophones ne contribue pas à la résolution de cette crise.