Invité sur RFI, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, s’est laissé aller dans une série de contrevérités dont le but est de voiler la réalité, dans un pays où tous les voyants sont au rouge.
Sur Radio France International, Rene Emmanuel Sadi, à court d’arguments, s’est laissé aller à des déclarations mensongères. Une stratégie pour le ministre de la Communication de faire obstruction à la réalité qui se vit au Cameroun.
« Il n’y a aucune raison d’en appeler en ce moment à une transition politique au Cameroun. Les institutions fonctionnent, le président de la République exerce pleinement ses fonctions. La question ne peut pas se poser, elle est absolument inopportune de notre point de vue », a déclaré René Emmanuel Sadi d’entrée de jeu. Une tentative de manipulation flagrante qui tranche avec les faits. Depuis plusieurs mois, Paul Biya, 91 ans dont 42 au pouvoir gouverne désormais par décrets. Des décrets dont l’authenticité est d’ailleurs contestée même au sein du sérail.
Même s’il n’est pas friand des conseils des ministres, Paul Biya s’est concerté avec ses ministres pour la dernière fois le 15 mars 2018. Malgré au moins quatre élections locales, dont les municipales, les législatives, les sénatoriales et les régionales, qui ont imposé une nouvelle carte politique, Paul Biya n’a pas procédé à un remaniement du gouvernement. Le dernier gouvernement nommé le 4 janvier 2019, a déjà perdu 4 ministres qui n’ont pas été remplacés. Sur le terrain Paul Biya est inexistant depuis plusieurs années.
« Pas d’alternance possible »
Répondant à une question au sujet de l’alternance, René Emmanuel Sadi a déclaré « c’est le peuple camerounais qui en décide. Et les élections s’annoncent en 2025, on verra bien si les Camerounais souhaitent changer dans un sens ou dans un autre ». Une autre grossière imposture, au moment où le gouvernement tente de tuer dans l’œuf tout projet de coalition de l’opposition. Dans une récente sortie, le ministre de l’Administration territoriale a clairement menacé de représailles, les partis politiques de l’opposition qui tenteraient de se mettre ensemble en vue de tabler sur une coalition de l’opposition. En dehors des récentes manœuvres du gouvernement, le régime a rejeté toutes les propositions visant à mettre sur pied des mécanismes pour organiser une élection libre et transparente au Cameroun. Notamment le projet de révision consensuelle du Code électoral.
«Les éléphants blancs»
Dans son projet de caricaturer les faits René Emmanuel Sadi s’est mis à égrainer quelques réalisations du président de la République depuis 2018, il a notamment cité l’organisation du Grand Dialogue National, la construction de plusieurs chantiers et l’organisation de la Can. Mais le porte-parole du gouvernement a volontairement omis de dire que la guerre sévit plus que jamais dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Entre le 6 et le 22 novembre 2023, une quarantaine de personnes sont mortes dans deux attaques dans les régions du Nord-Ouest et de l’Ouest. Un nombre de record de personnes tuées en un mois depuis le début de la crise.
René Emmanuel Sadi s’est également gardé de d’évoquer les détournements massifs de denier public orchestrés pendant l’organisation de la Can, notamment pour la construction du stade d’Olembe.
Evoquant les grands chantiers. Le ministre de la communication a fermé sa bouche sur les éléphants blancs érigés en barrage. Malgré la fin des travaux dans certains barrages annoncés pour résoudre les problèmes d’énergie, les coupures d’électricité atteignent des fréquences jamais connues auparavant, plombant ainsi l’activité économique.
Cette sortie de René Emmanuel Sadi n’est pas seulement un chapelet de mensonges, mais aussi la dénégation assumée du porte-parole d’un gouvernement prêt à tout pour forcer la réélection d’un homme amorti par le poids de l’âge qui ne contrôle plus rien.