Le ministre de l’Administration Territoriale vient se signifier au Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) qu’il n’a pas pris acte de l’exclusion définitive de Robert Kona, l’un des membres fondateurs du parti. Une décision qui remet la balle au centre dans cette affaire où Paul Atanga Nji est déjà accusé de servir de paravent à un gouvernement qui ne veut pas d’une candidature de Cabral Libii en 2025.
La guerre qui couve entre le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) et le Ministre de l’Administration Territoriale augure de nouvelle bataille. Hier en fin de journée Paul Atanga Nji a fait savoir au parti de Cabral Libii qu’il ne prend pas acte de l’exclusion de Robert Kona, l’un des membres fondateurs de cette formation politique. Atanga Nji évoque la violation des statuts du PCRN et le défaut de qualité. Cette sortie du ministre de l’Administration territoriale fait suite à une correspondance de Boubakari Massardine, le secrétaire général du parti qui l’informait de la décision qui avait été prise d’exclure Robert Kona, l’un des pères fondateurs du parti. Il est reproché à Robert Kona d’avoir « posé des actes de rébellion de nature à entraîner des confusions graves au sein de l’opinion, entamant par là même la sérénité au sein de notre formation politique pourtant plus que jamais en ordre de bataille pour affronter les échéances électorales à venir ».
Si la réponse de Paul Atanga Nji n’a pas surpris grand monde, elle constitue également un abus de pouvoir selon certains avis. Cabral Libii, le président du PCRN a dénoncé un acharnement. « Par la correspondance que le ministre de l’administration territoriale a dressé au secrétaire général du PCRN, il y a une confirmation qui est apportée à deux aveux. Le premier a été fait par l’ex président monsieur Kona Robert, au lendemain de l’interdiction du congrès de Kribi. Interdiction qu’il avait frauduleusement obtenue. Il avait dit dans une conférence de presse que toutes les dispositions seraient prises pour m’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle donc il fallait me priver du contrôle du PCRN qui a des élus et est susceptible d’être investit à une élection présidentielle. Le deuxième aveu c’était sur les ondes d’une radio où il disait qu’il agissait avec la permission et l’encadrement du ministre de l’administration territoriale », a-t-il indiqué sur les Ondes de STV.
Ajoutant que du point de vue juridique, la correspondance du Ministre est absurde. « Dans la correspondance du PCRN , il lui est seulement donné information de l’exclusion de celui qui est son comparse dans cette basse manœuvre. Deuxième raison c’est que aucune disposition de la loi de 90 qui régit les partis politiques ne donne pouvoir et compétence au Minat de prendre acte de quoi que ce soit dans ce qui se déroule dans le quotidien des partis. Si non on serait dans un pays autoritaire avec un recul de 20 ans, 30ans où le Minat décide de qui est militant et qui ne l’est pas », a expliqué Cabral Libii.
Réagissant à la sortie de Paul Atanga Nji, Marc Essomba, juriste et militant du RDPC pense que Paul Atanga Nji est dans son rôle. « Pourquoi le secrétaire général du PCRN s’est senti contraint d’écrire au ministre de l’administration territoriale ? Le Minat dispose des compétences internes pour produire la pertinence de ce genre de documents. Dans son rôle et pour le respect des libertés publiques, il est l’un des garants de l’ordre public. Et pour émettre un avis de conformité, il travaille avec les textes des partis politiques qui sont orientés vers lui », a –t-il expliqué.
De longues batailles judiciaires en perspective
Au tribunal de première instance de Kaele, la procédure judiciaire enclenchée par Robert Kona contre Cabral Libii est encore pendante. L’un des pères fondateurs du PCRN reproche à l’actuel président national d’avoir usurpé la qualité de président national du parti. Si l’issue de cette affaire reste incertaine, d’autres procédures pourraient s’en suivre surtout avec l’avis de non-conformité délivré par le ministre de l’administration territoriale, lequel pourrait donner lieu à des poursuites auprès du tribunal administratif. D’ailleurs on apprend ce matin qu’une plainte a été déposée contre Robert Kona au tribunal de première instance d’Ekounou pour faux et usage de faux par l’ex trésorier Wanfeo Williams Guillaume. Dans cette plainte il lui est reproché d’avoir attribué une fausse signature à l’ex trésorier dans le mémorandum d’urgence : appel à la responsabilité et à l’intégrité au sein du Pcrn en date du 27 novembre 2023.
Une candidature de Cabral Libii en péril
De tout cet imbroglio c’est Cabral Libii qui ambitionne être candidat à la présidentielle de 2025 qui a tout à perdre. Le député du PCRN a tenté de répondre vigoureusement à ceux qui agiraient derrière le ministre de l’administration territoriale. Il a estimé que si le peuple camerounais le choisit d’être candidat puis président en 2025, ses détracteurs «le verront de leurs yeux ». Mais en réalité si la manœuvre de mettre Cabral Libii hors course en 2025 est ferme, le ministre de l’administration territoriale a plusieurs tours dans son sac. Il pourra continuer à jouer les troubles fêtes au sein du PCRN et faire en sorte que le parti dépose deux candidatures à la présidentielle. Lesquelles seront tout simplement rejetées comme ce fut le cas avec l’UPC lors des dernières élections locales. En cas de réelles menaces, Paul Atanga Nji pourra tout simplement suspendre le PCRN à la veille de la présidentielle. Mais pour le moment, nous n’y sommes pas encore.