Le corps sans vie de l’homme de la trentaine a été retrouvé derrière le Masque Hôtel au quartier Régie de Yaoundé par les riverains.
Metsina Ernest, un homme de la trentaine originaire du département de la Lekie n’est plus. Sa dépouille a été découverte hier par les riverains au quartier Régie, dans le premier arrondissement de Yaoundé. Les circonstances de son assassinat laissent perplexes. Des témoins racontent que le jeune de la trentaine s’était rendu chez sa copine qui résidait au quartier Régie lundi dernier. Arrivé sur les lieux où il avait ses habitudes, il va trouver l’élue de son cœur avec un autre homme. Le voyant venir celle-ci va l’accueillir à chaud. Embarrassée, elle finira par crier “o voleur”. Tout le quartier sorti va se ruer sur le pauvre. Après avoir reçu plusieurs coups, et au regard de ses cris, une âme de bonne volonté va demander à ses agresseurs de l’écouter. A la grande surprise de tous, l’infortuné finit par produire les preuves qu’il est en couple avec cette dame, que c’est lui qui paye la maison et va montrer plusieurs photos avec la fille. Relaxé, il n’a pas voulu quitter les lieux jusqu’à ce qu’on le retrouve mort. Qu’est ce qui s’est passé pour qu’il trouve la mort? Aurait-il subit un traumatisme après les coups reçus ? Autant d’interrogations qui ne trouvent pas de réponse.
Du moins, une enquête a été ouverte et plusieurs personnes sont en cours d’interpellation dans ce quartier.
Au Cameroun, la vindicte populaire est monnaie courante. En 2023, au moins 30 personnes ont été tuées sommairement par les populations. Entre lapidation, brûlure vive et bastonnade, le phénomène a pris de l’ampleur. Seulement, les chiffres évoqués ci-dessus ne reflètent pas la réalité sur le terrain, car il est difficile d’établir des statistiques exactes des cas de vindictes populaires perpétrées à travers le pays.
Le Centre de secours de la 301e compagnie d’incendie de Garoua a découvert 63 corps sans vie entre 2019 et novembre 2022. 08 corps recensés entre janvier et novembre 2022, 20 corps en 2021, 14 corps en 2020 et 21 corps en 2019.
À en croire Daniel Ndakbo, le président national de l’Action citoyenne intègre (ACI) et coordonnateur régional de l’Observatoire des libertés publiques du Cameroun (OLPC) pour le Nord, il ne se passe pas une semaine sans qu’on ne parle de cas de vindicte populaire dans la ville de Garoua. « J’ai pu en sauver un en décembre 2022 au Grand marché, on lui reprochait de vol de moto », ajoute-t-il. Une observation soutenue par Abdou Pierre, correspondant du journal L’action dans le Nord. « Les victimes sont molestées ou brûlées, certaines décèdent à l’hôpital », précise-t-il.
Il ressort d’une enquête de l’ACI, comme l’indique Daniel Ndakbo, que, 80 % des corps découverts sont des victimes d’agression de conducteurs de moto, 10 % des règlements de compte et 10% résultant des sectes ésotériques et autres. « L’ACI compte mener un plaidoyer pour le renforcement du mécanisme de sécurité des biens auprès des forces de défense et de sécurité et sensibiliser la population sur les différents systèmes d’alerte en cas de danger à travers le numéro vert, le 1523 de la CDHC », dit-il.
Jeanne Ndome