Les services du ministère du Commerce ont annoncé en grande pompe qu’il n’y aura pas d’augmentation des prix de la bière au Cameroun. Pourtant, sur le terrain, la réalité est contraire.
Le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana a présidé hier 16 mai une séance de travail avec les représentants du Syndicat national des distributeurs de boissons hygiéniques du Cameroun (Synasdibohycam), du Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc), la présidente du Conseil national de la consommation, des représentants des associations de défense des droits des consommateurs et du ministère de l’Administration territoriale.
Au bout de 4 heures de longues et intenses débats, « les distributeurs ont exprimé leurs préoccupations concernant les charges supplémentaires auxquelles ils sont confrontés, tandis que les détaillants ont soulevé des problèmes de disponibilité des produits et d’une fiscalité pesante qui impacte leur activité. Luc Magloire Mbarga Atangana a souligné l’importance de traiter ces préoccupations avec les administrations compétentes lors d’une prochaine réunion élargie prévue dans un mois. Car, le volet des prix n’est en effet que la résultante de nombreux autres facteurs et ne saurait donc être traité de façon isolée ».
Concrètement donc, en attendant la réunion prévue dans un mois, il a été décidé que les prix homologués resteraient inchangés. L’équipe de communication du ministère du commerce a tôt fait de dire que cette issue, « favorable aux consommateurs, est le fruit d’un dialogue républicain et responsable entre toutes les parties prenantes lors de ces discussions ». Mais il semble que Mbarga Atangana ignore totalement la réalité du terrain. Depuis fin 2023, le prix de la bière a officieusement augmenté sur toute l’étendue du territoire national. Le prix des bières dites « brasseries » est passé de 650 FCFA à 700 FCFA. Pour les autres boissons, le prix a augmenté d’environ 50 FCFA. Une réalité qui s’explique, selon les détaillants, au fait de la rareté des produits. « Il n’ y a pas de boissons. Quand nous allons au dépôt on nous explique que les produits sont rares et la demande est forte, ce qui conduit automatiquement à l’augmentation du prix du casier de bière », explique une tenancière de débit de boisson.
La réunion organisée par le ministre du Commerce a également révélé de profondes difficultés rencontrées par le secteur des boissons. Des difficultés qui appellent, selon le ministre du Commerce, à la restructuration du secteur brassicole dans sa globalité. « Le Ministre du Commerce a insisté sur ce point, sur la nécessité urgente de cette réorganisation, prenant en compte les enjeux de la libéralisation prochaine du secteur du commerce dans le contexte de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf). Luc Magloire Mbarga Atangana a appelé l’attention de tous les participants sur cette question fondamentale qui peut induire si la réorganisation indispensable n’est pas opérée, la disparition des pans entiers du secteur de la production et de la distribution au sein de notre écosystème économique », a écrit la cellule de communication de son ministère.