Ce n’est un secret pour personne. La ville de Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême Nord, manque cruellement de monuments historiques. Beaucoup de personnes de cette ville déplorent l’insuffisance, voire l’absence de ces édifices remarquables qui racontent et rappellent l’histoire de Maroua.
« Chaque ville est liée à une histoire, laquelle est soit transmise de génération en génération par des récits, soit immortalisée par des symboles. Ça peut être un monument, un carrefour ou tout autre ouvrage. Mais à Maroua, nous n’avons pas de monuments attrayants qui rappellent les événements et les personnes qui ont marqué l’histoire de cette ville », indique un habitant historien.
Partout à Maroua, le constat fait par les populations sur l’insuffisance de ces édifices est le même.
« Parler d’insuffisance de monuments à Maroua me pose de sérieux problèmes. À la vérité, il n’y en a pas. Un monument, c’est un concept bien pensé et bien exécuté. Un monument a un ou des buts clairs. » Pour les apprenants de l’histoire, les grandes villes du Cameroun ont, par exemple, des ouvrages qui enseignent aux générations qui se succèdent la longue marche du Cameroun vers son unité, à l’exception de la ville de Maroua, qui reste un cas atypique.
La cité capitale de l’Extrême-Nord n’a pour seul monument lié à son histoire que celui de la bataille d’Ibba Sangué
Situé à l’entrée sud de la ville dans l’arrondissement de Maroua 1er, ce monument qui montre un homme sur un cheval tenant fermement une lance, symbolise, selon les historiens, la résistance de la population locale face à la pénétration allemande en 1902.
Camouflé parmi des arbres, le monument de la bataille d’Ibba Sangué est peu visible.
« Un monument est, au-delà de l’art, une technique de conservation de la mémoire. Regardez vous-mêmes. Qui veut aller à Ibba Sangué ? Ce lieu, qui tient lieu de monument, n’a rien qui puisse inciter à s’y rendre, que ce soit pour passer du temps ou pour apprendre. D’ailleurs, on y a représenté un cavalier triomphant. Est-ce le triomphe qu’on a enregistré là-bas ? Tout cela pour dire qu’une politique pour les monuments dans une ville n’est pas une affaire d’aventuriers. Il faut plus de sérieux pour ce genre d’affaires. Hélas, ce sérieux semble encore bien lointain. »