Plusieurs aéroports du Cameroun ne répondent plus aux standards internationaux en matière d’aviation civile. Au lieu de travailler pour mettre fin à cette situation, le directeur général de l’entreprise chargée de la gestion, l’exploitation, l’entretien, le renouvellement, la réhabilitation et le développement des sept aéroports du Cameroun s’acharne plutôt sur son personnel.
C’est un scénario digne d’une pièce de théâtre africain. Depuis quelques mois le personnel en service aux Aéroports du Cameroun ( ADC) subit un acharnement sans précédent du directeur général Thomas Owona Assoumou. Le patron de l’entreprise chargée de la gestion, l’exploitation, l’entretien, le renouvellement, la réhabilitation et le développement des sept aéroports du pays leur impose notamment d’arborer la tenue des ADC pour se rendre au travail le vendredi. Dans une note qu’il a signée le top manageur des ADC écrit : “Dans l’optique de promouvoir la culture d’entreprise au sein de ADC S.A, et en sus de la Charte et Code d’éthique, il est institué une journée baptisée « Journée ADC ».
Aussi, j’invite chaque personnel à arborer une tenue ADC de son choix chaque vendredi (Polo, T-shirt, Pagne, chemise…).
J’attache du prix au respect de cette disposition qui est un vecteur de communication et participe au renforcement du sentiment d’appartenance à une même société “. Et Owona Assoumou tient au strict respect de cette exigence. La semaine dernière, on apprend que dès dizaines d’employés ont reçu une demande d’explication de la hiérarchie pour avoir refusé de porter l’uniforme des ADC.
Si cet appel lancé à l’endroit du personnel des ADC peut sembler anodin aux yeux de certains, il est que cette exigence et les mécanismes qui s’en suivent viole les textes qui régissent cette société. En plus, sur le plan pratique les employés de cette société se trouvent dans la quasi-impossibilité de porter la tenue des ADC chaque vendredi du fait que ” chaque employé a droit à un seul pagne ou T-shirt par an”, explique un syndicaliste de l’entreprise.
Fuite en avant
Aux ADC plusieurs employés pensent que cette actualité est une diversion que le top manageur tente d’entretenir pour éloigner l’attention des observateurs sur les vrais problèmes que connait l’entreprise. “Il règne un climat délétère aux ADC depuis plusieurs années. Un climat dû en partie aux insuffisances managériales du directeur général”, commenté encore notre source.
En plus de cela, plusieurs aéroports du Cameroun connaissent de réels problèmes. Dans une lettre adressée au directeur général des ADC, les compagnies aériennes déploraient déjà plusieurs maux.
Dans cette lettre, les grandes compagnies aériennes qui opèrent au Cameroun exprimaient leurs « vives préoccupations liées à l’état de la plateforme et à la prestation d’assistance qui y est délivrée », elles répertoriaient des récriminations liées à la maintenance de l’infrastructure aéroportuaire, à l’entretien des équipements et au traitement du personnel. Au sujet de la maintenance, la correspondance indiquait que « le bâtiment est d’une saleté repoussante : peintures défraîchies, toilettes infréquentables, murs décrépits, faux plafonds sales ou manquants, travaux d’aménagement abandonnés, huisseries fatiguées, branchements électriques ou informatiques incohérent aux circuits inconnus, forêt inextricable de câbles extérieurs pendant le long des façades, climatisations absentes ou insuffisantes, matériel informatique et banques d’enregistrement sales ou mal entretenus, éclairages défaillants. »
Les compagnies dénonçaient encore : « l’état des aires de service (galerie bagages, zones de stockages des conteneurs, voies de circulation du matériel au sol) est lamentable : revêtements dégradés, nids de poule, matériel abîmé. Ceci contribue à la dégradation des tarmacs pourtant récemment refaits. »
Sans oublier que « l’ensemble des équipements n’est pas entretenu de manière optimale. Les loaders perdent leur hydraulique de manière alarmante et les tarmacs gorgés d’huile n’ont plus la résistance initiale et se détériorent rapidement. Les chariots porte-conteneurs, en nombre notoirement insuffisant, et les porte-palettes présentent tous des défauts rédhibitoires : rouleaux manquants, retenues inexistantes, freins hors d’usage. Les tracteurs dont le parc en activité est particulièrement réduit, présentent pour la plupart des défauts d’éclairage ou de signalisation. Le matériel hors d’usage ou en maintenance permanente se rencontre sur toute la plateforme. »
Des récriminations qui sont encore d’actualité alors qu’on annonce depuis des années, les travaux de réfection de certains aéroports, notamment celui de Douala.