Les recherches d’un professeur de l’Université de Dschang viennent d’aboutir à des résultats satisfaisants.
Le Pr. Christopher Tankou vient d’effectuer sa première récolte de blé. L’enseignant chercheur de l’université de Dschang avait en effet dans le cadre de ses recherches, expérimenté cette culture dans la localité de Fongo-Tongo, Département de la Menoua. Sur une parcelle de 570 mètres carrés, il a introduit une semence de 50 Kg obtenue de certains de ses proches. Ce qui a produit renseigne-t-il, 1,4 tonnes. De ce résultat, l’enseignant est arrivé à la déduction qu’on peut obtenir ici un rendement de 2,4 tonnes de cette céréale par hectare. Jean Marie Cheuteu, Délégué départementale du Ministère de l’agriculture et du Développement rural (Minader) pour la Menoua pense qu’on peut même obtenir meilleur rendement. « Sans amendement ni traitement, on a obtenu un rendement de 2,4 tonnes à l’hectare et avec une fertilisation appropriée on peut atteindre 4 à 5 tonnes à l’hectare voir plus dans les mêmes conditions », confie-t-il.
Une partie du fruit de cette recherche apprend Pr. Christopher Tankou, a été dédiée à l’autoconsommation ; et l’autre, gardée comme semence pour la prochaine campagne agricole.
Cette expérience est en effet partie de la volonté de l’enseignant chercheur de trouver une autre culture afin de permettre aux paysans de Fongo-Tongo de pouvoir alterner la culture de la pomme de terre dont les conséquences des attaques des rongeurs et autre se faisaient déjà ressentir, à une autre. « Cette activité de recherche s’est concentrée sur la résolution du problème lié à une monoculture de pommes de terre dans la zone d’étude où de nombreux agriculteurs cultivent continuellement des pommes de terre sur le même terrain. La monoculture présente de nombreux inconvénients parmi lesquels le déclin des propriétés physiques et chimiques du sol ; l’augmentation des attaques de ravageurs et de maladies. J’ai donc décidé de chercher une autre culture tout aussi importante qui pourrait être cultivé en rotation avec la pomme de terre pour améliorer le système de culture de la localité. Etant donné que le blé partage les mêmes exigences agro-écologiques que la pomme de terre, j’ai décidé de mener des recherches pour quantifier ses performances dans cette zone », explique-t-il.
Les paysans très intéressés
Si pour l’heure, le Gouvernement n’a pas encore fait montre d’une volonté d’accompagner la vulgarisation de la culture du blé dans cette partie pays, nombre de paysans, eux, en apprenant ou en touchant du doigt les fruits de l’expérience du Pr. Tankou, n’ont pas caché leur désir de s’y lancer.
Il est donc possible que lors de la prochaine campagne agricole, nombreux soient les cultivateurs de blé dans le Département. Mais, l’indisponibilité de la semence pourrait malheureusement un facteur dissuasif pour certains d’entre eux.
Hausse du prix de la farine de blé
Une bonne solution locale ignorée
Alors que le pays dépend totalement du blé importé, un chercheur de l’Université de Dschang, vient de réussir à produire cette céréale dans le Département de la Menoua. Sauf que la volonté de vulgariser cette culture se heurte à un manque d’accompagnement des pouvoirs publics.
Selon des données de l’étude sur le ?????????????? ?????é????? ?? ?? ????è?? ??????????? ??? ???????? à ???? ?? ?é?é????, ?????? ???????? ?? 25 ??û? 2021 à ?????? ??? ?? ?????? ?? ???? à ?????? ??? ??????????? (???) ?????????????, le Cameroun a au cours de l’année 2020, importé environ 860 000 tonnes de blé. Les principaux pays fournisseurs du Cameroun sont ?? ?????? (??è? ?? 300 000 ??????), ?????? du ?????? (144 000 ??????), ?? ?????? (117 000 ??????) ?? ??? ??? (54 000 ??????). Cette étude précise ces ???????????? qui constitue la presque totalité de la consommation camerounaise en blé, ??? ??û?é ??????? 150 ????????? ?? ????.
Cette colossale somme d’argent aurait bien pu aider à développer une puissante filière blé au pays. Car la perception de plusieurs scientifiques qui s’attelaient à soutenir que le blé n’était pas une plante tropicale et par conséquent, ne pouvait pousser au Cameroun, vient d’être battue en brèche par le Pr Christopher Tankou. Dans une parcelle de 570 mètres carrés à Fongo-Tongo dans le Département de la Menoua, il semé 50 Kg de blé et obtenu un rendement de 1,4 tonne. En dehors de Fongo-Tongo, d’autres recherches ont montré que cette céréale pouvait pousser dans plusieurs autres localités du Cameroun. « Le blé n’est pas une culture tropicale, mais il existe au Cameroun des microclimats propices à la culture du blé. L’introduction du blé dans nos systèmes agricoles stimulerait la production de la récolte et permettrait à nos citoyens d’être moins dépendants des importations de la récolte », indique le Pr. Tankou. Jean-Marie Cheuteu Délégué du Minader pour la Menoua est plus optimiste. « Le blé peut se cultiver partout au Cameroun et plus particulièrement sur les zones de hautes terres avec des rendements comparables à ceux des grands pays producteurs de blé dans le monde », souligne-t-il.
Depuis que s’enveniment les tensions entre l’Ukraine et la Russie, deux pays qui à eux seuls fournissent au Cameroun plus de la moitié du blé qu’il consomme, le prix de la farine de blé ne cesse de grimper. Le sac de 50 Kg par exemple est passé de 16.000 Fcfa à 23.000 Fcfa et atteint même 25.000 Fcfa dans certaines localités du pays. Alors que la crise entre ces deux pays n’est pas prête à s’estomper, il est clair que la tendance inflationniste du coût de la farine de blé et autres produits dérivés pourrait perdurer.
En accompagnant les paysans qui sont prêts à se lancer dans la culture du blé, le Gouvernement camerounais pourrait ainsi réduire l’impact de la crise entre ces deux grands pays producteurs de blé, dans le panier de la ménagère au Cameroun, et pourquoi pas aspirer à devenir, à moyen terme, un pays producteur.