Léon Theiller Onana, conseiller municipal du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), se retrouve sous le feu des critiques de sa propre hiérarchie. Accusé par le maire de la localité d’« absences répétées » aux sessions du conseil municipal, l’élu conteste vivement ces reproches, invoquant une faille procédurale et dénonçant des « manœuvres politiques ». Une affaire qui intervient dans un contexte déjà tendu, alors que la légalité de la direction actuelle du RDPC est contestée en justice ce même jour.
Le maire de Monatélé s’appuie sur l’article 188 du Code général des collectivités territoriales décentralisées pour exiger des explications écrites de Léon Theiller Onana. Ce dernier, connu pour son franc-parler, riposte en brandissant l’article 32 du même code, qui impose un délai minimal de 15 jours pour convoquer un conseil municipal – sauf urgence, réduit à 72 heures. « Comment être présent si aucune convocation ne parvient à son destinataire ? », interroge-t-il dans sa réponse, soulignant que ses rares participations aux séances étaient motivées par « des démarches personnelles », et non par un suivi institutionnel.

L’élu rappelle par ailleurs sa mission officielle, confiée en juin 2022 : identifier des partenaires étrangers pour financer le développement local. Un rôle qu’il assume « à titre bénévole », selon ses dires, en prenant en charge « tous les frais liés ». Une précision qui n’est pas anodine, dans un pays où les financements publics font souvent l’objet de vives critiques. « Cela pose question : pourquoi un élu doit-il puiser dans ses fonds propres pour une mission d’intérêt communal ? », relève un observateur camerounais sous couvert d’anonymat.
La tonalité monte d’un cran dans la conclusion de la lettre de Léon Theiller Onana. L’élu accuse le maire d’être « la main par laquelle [passera] sa mort politique ou même son élimination physique », une charge lourde de sous-entendus dans un pays où les rivalités politiques locales dégénèrent parfois en violences. La référence à Ousmane Sonko, Premier ministre sénégalais de renom pour ses démêlés judiciaires perçus comme politiquement motivés, ajoute une dimension régionale au contentieux. « Ce parallèle avec le Sénégal n’est pas neutre. Il s’agit clairement d’alerter sur des pratiques autoritaires », analyse un juriste yaoundéen.
Cette affaire municipale coïncide avec l’ouverture, ce 10 avril, d’un procès crucial au tribunal de première instance du Mfoundi. Plusieurs militants du RDPC, dont Léon Theiller Onana, contestent la légitimité de l’actuelle direction du parti. Un contexte qui alimente les spéculations : s’agit-il d’une simple coïncidence calendaire, ou d’une tentative de pression sur un élu turbulent ? Contacté par nos soins, le RDPC n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.
Loin de l’image d’un simple différend administratif, ce conflit révèle les fractures d’un système où légalité et réalpolitik se heurtent fréquemment. Alors que le Cameroun s’apprête à entrer en campagne électorale municipale en 2025, l’affaire Onana pourrait faire jurisprudence ou embraser d’autres communes. À suivre.