Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a tenu jeudi dernier une réunion stratégique à Garoua, en présence du gouverneur de la région du Nord, Jean-Abate Edi, des préfets et des responsables des forces de sécurité. Objectif : mettre en place un dispositif sécuritaire renforcé en vue de l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Une « coordination maximale » pour un scrutin sous haute surveillance
Selon Paul Atanga Nji, la situation sécuritaire dans le Nord est « stable », mais nécessite un maintien de la vigilance. Il a annoncé une série de mesures destinées à garantir un déroulement « apaisé » du scrutin, parmi lesquelles :
- Une coordination accrue entre l’administration territoriale, les forces de défense et de sécurité, et ELECAM, l’organe en charge des élections ;
- Une surveillance ciblée des zones jugées sensibles, notamment les localités frontalières du Nigeria ;
- Une intensification des patrouilles, bien que le ministre ait noté une baisse de 60 % des cas de kidnapping au cours des six derniers mois.
Avertissements clairs aux perturbateurs : « L’État sera intransigeant »
Dans un ton ferme, le ministre a mis en garde contre toute tentative de trouble à l’ordre public pendant le processus électoral : « L’État sera intransigeant », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que cette élection serait « le scrutin le plus encadré de l’histoire récente du pays ».
Cette déclaration vise à envoyer un message dissuasif, alors que la région du Nord, historiquement instable et frontalière d’une zone d’influence de groupes armés au Nigeria, pourrait influencer les résultats électoraux.
Une stratégie qui pourrait s’étendre à d’autres régions sensibles
Pour l’instant, seules les autorités de la région du Nord sont concernées par ce plan sécuritaire renforcé. Toutefois, des observateurs indiquent que cette stratégie pourrait s’élargir à d’autres régions à risque, notamment l’Extrême-Nord et les deux régions anglophones, où la situation reste tendue.
Des critiques persistantes sur le climat électoral
Si l’objectif affiché est d’assurer la sécurité du processus électoral, plusieurs acteurs de la société civile et membres de l’opposition s’interrogent sur la portée réelle de cette démarche. Certains y voient un moyen de renforcer le contrôle sur le terrain et de limiter les espaces d’expression politique. Le climat électoral camerounais est régulièrement critiqué pour son manque d’ouverture, notamment en période préélectorale.
Une mobilisation à surveiller
La réunion de Garoua marque une étape importante dans la préparation de l’élection présidentielle de 2025. Toutefois, le succès de cette stratégie sécuritaire dépendra de sa capacité à garantir non seulement la paix, mais aussi l’équité du processus électoral. L’extension éventuelle de ces mesures à d’autres régions devra faire l’objet d’une évaluation transparente, afin d’éviter toute instrumentalisation à des fins politiques.