Dans une note publiée, l’Office national des examens et concours du supérieur (Onecs) du Tchad a annoncé une mesure restrictive concernant l’inscription au baccalauréat 2025. Désormais, seuls les candidats étrangers résidant sur le territoire tchadien pourront s’inscrire en régime libre à cet examen. Cette décision exclut « formellement » les candidats camerounais non-résidents, qui avaient pris l’habitude de se rendre au Tchad pour y passer leur baccalauréat.
Cette nouvelle règle vise principalement les candidats libres, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas inscrits dans des établissements scolaires tchadiens, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Elle représente un coup dur pour de nombreux jeunes Camerounais qui, depuis des années, voyaient dans le baccalauréat tchadien une alternative plus accessible que celui proposé par leur pays d’origine.
Une pratique ancrée malgré les interdictions
Au Cameroun, le baccalauréat tchadien était particulièrement prisé par les élèves ayant échoué au probatoire, un examen redouté qui conditionne l’accès à la classe de terminale. Pour répondre à cette demande, des établissements scolaires de Yaoundé et de Douala avaient même mis en place des « classes spéciales » dédiées à la préparation du baccalauréat tchadien. Ces classes accueillaient principalement des élèves recalés au probatoire ou peu enclins à affronter les exigences du système éducatif camerounais.
Les frais d’inscription dans ces classes spéciales variaient entre 300 000 et 700 000 FCFA, incluant souvent les coûts de scolarité, les frais d’inscription au baccalauréat tchadien et, dans certains cas, les frais de voyage vers le Tchad. Malgré une décision du ministère camerounais des Enseignements secondaires (Minesec) en 2006 visant à fermer ces classes, la pratique a persisté, attirant chaque année un nombre croissant de candidats.
Plusieurs raisons expliquent l’engouement des Camerounais pour le baccalauréat tchadien. Tout d’abord, le Tchad n’exigeait pas le probatoire, un examen souvent perçu comme un obstacle majeur au Cameroun. Même lorsque les autorités tchadiennes ont introduit l’obligation de présenter une attestation de probatoire authentifiée, l’idée d’un examen plus accessible a perduré.
En outre, des rumeurs circulaient selon lesquelles le baccalauréat tchadien aurait plus de « poids » à l’international que celui du Cameroun, offrant ainsi de meilleures opportunités pour poursuivre des études à l’étranger, notamment en Occident. Ces perceptions ont contribué à renforcer l’attractivité de cet examen pour de nombreux jeunes Camerounais.
Les chiffres témoignent de cette tendance. En 2024, sur les 93 605 candidats inscrits au baccalauréat tchadien, 4 136 étaient des étrangers, majoritairement des Camerounais. En 2021, l’Onecs avait enregistré 3 231 candidatures camerounaises, un chiffre en nette augmentation par rapport à 2020, où plus de 1 000 candidats avaient obtenu une autorisation spéciale pour se rendre au Tchad malgré les restrictions liées à la pandémie de Covid-19.
GN avec Stop bla bla cam