Depuis le 5 avril 2022, l’ONG Médecins Sans Frontières a annoncé dans un communiqué la suspension de ses activités dans la région du Sud-Ouest Cameroun.
L’ONG justifie cette mesure par le fait qu’elle invite les autorités camerounaises à procéder à la libération de quatre de leurs collègues détenus de manière illégale depuis quelques mois par les autorités judiciaires, notamment dans la région du Sud-Ouest.
Cette détention des employés humanitaires de Msf est liée à la crise socio-politique qui secoue les deux régions anglophones du
Cameroun. Les quatre employés humanitaires sont soupçonnés de coopérer avec les groupes armés qui combattent les forces de défense et de sécurité.
Ashu Dabinash Godlove, conducteur d’ambulance à Msf et Madame Mewouo Marguerite Gerzande, infirmière urgentiste ont été inculpés par le tribunal militaire de Buéa dans le Sud-Ouest pour complicité d’évasion d’un terroriste et complicité d’actes de terrorisme.
Le samedi 25 décembre 2021, à 14h30 mn, alors que les populations sont concentrées à la fête de la nativité, une patrouille de l’armée camerounaise, notamment la brigade territoriale de gendarmerie de Tinto, arrondissement de Upper Bayang, département de la Manyu, lourdement armée a eu un violent accrochage dans la petite bourgade de Tinto2, non loin du chef-lieu de l’arrondissement avec un groupe armé se réclamant des séparatistes. Au terme de l’affrontement de plusieurs minutes, deux éléments des groupes séparatistes ont été grièvement blessés par balles pendant que les éléments de gendarmerie enregistraient des dégâts mineurs.
Les frères d’armes des combattants blessés, venus en renfort, les ont conduits immédiatement à moto dans la localité forestière de Ntenmbang. Les leaders des groupes armés vont alors contacter le responsable de l’antenne Médecins sans frontière de Mamfé. Après l’alerte et eu égard à l’insécurité généralisée, l’équipe de Médecins sans frontières a engagé les préparatifs d’usage afin de procéder à l’évacuation des blessés. Les deux employés de Msf ont été stoppés devant un poste de police au moment où ils transportaient dans une ambulance un présumé sécessionniste.
Dans les jours qui suivaient, deux autres employés de Msf ont été interpellés et jetés en prison, peut-on lire dans un communiqué de presse signé le 05 avril dernier. En 2020, cette ONG avait déjà vu suspendre ses activités dans la région du Nord. Décision prise à l’époque par le Gouverneur de la région.