Revenu au Cameroun après quelques semaines d’hospitalisation à l’hexagone, le président de la République doit impérativement mettre certaines situations au clair, s’il veut éviter au Cameroun la situation qu’on connue plusieurs pays en Afrique .
Par la grâce de la providence, Paul Biya est revenu à Yaoundé tenant sur ses deux pieds, après près de 50 jours passés à l’extérieur, dont quelques semaines d’hospitalisation à Genève. Malgré le ramdam fait par ses alliés sur son « état de santé impeccable », Paul Biya est devenu très fragile. A son arrivée à l’aéroport international de Nsimalen, plusieurs images ont été censurées, notamment celle de la descente de l’avion du couple présidentiel. Au delà, Paul Biya est visiblement affaibli du fait de son âge très avancé. S’il ne parvient pas à mettre sur pied une stratégie d’alternance pacifique à court terme, celui dirige le Cameroun d’une main de fer depuis 1982 pourrait laisser le Camerounais sur une « poudrière ».
Congrès du RDPC
Avec ce retour providentiel dans le berceau de ses ancêtres, Paul Biya devrait organiser en toute urgence un congrès du Rdpc pour régler définitivement la question de la succession au sein de sa formation politique. Une question très essentielle pour l’avenir du Cameroun. Car au sein de l’opinion, l’on pense que l’étincelle ne pourrait venir, ni l’opposition, ni des indignés. Mais la flamme qui pourrait embraser pourrait surgir des caciques du parti au pouvoir qui ont accumulé d’insolentes richesses depuis des années et qui ne veulent pas perdre leur position de privilégier. La question du dauphinat definitivement reglée par « l’homme lion », dont la crinière dissuade encore ses alliés pourrait dompter les ambitions des uns et des autres au sein du parti au pouvoir et surtout rassurer la franche des militants de base qui lui font encore confiance.
Transition institutionnelle
Ensuite, le président de la République devrait gérer la transition institutionnelle au sein de l’Assemblée nationale, du Senat et du Conseil constitutionnel. Trois institutions auxquelles la constitution donne un rôle déterminant dans tout projet de transition au Cameroun. Dirigées par des croulants-grabataires dont l’état de santé n’inspire pas confiance, ces trois institutions ont besoin d’un nouveau leadership. Le président du Sénat Marcel Niat Njifenji, 90 ans est éternellement hospitalisé en France. Le président du Conseil constitutionnel Clément Atangana 83 ans a également un état de santé fragile. Cabaye Yeguie Djibril, le président de l’Assemblée nationale n’échappe pas à cette liste de dirigeants malades. Selon plusieurs sources, celui qui dirige l’assemblée nationale depuis 1992, serait même frappé par une maladie plus grave.
Reforme du Code électoral
Bien au-delà, Paul Biya doit également réunir la classe politique et la société civile pour tabler sur la question de la réforme du code électoral qui continue de diviser. Parmi les aspects du code électoral à revoir d’urgence, l’introduction d’un bulletin unique, la redistribution des circonscriptions et l’informatisation complète du processus électoral. Ces modifications permettraient d’organiser une élection transparente, laquelle pourrait éviter un conflit post-électoral.
Crise anglophone
Un aspect aussi important, qu’urgent est la résolution de la crise anglophone qui fait plusieurs milliers de morts depuis 2017. Même si la résolution de ce conflit, qui a déjà fait plus de 10.000 morts selon les ONG, est devenu complexe au fil des années, un véritable dialogue entre les belligérants et une volonté ferme de l’Etat à mettre fin à ce conflit pourrait calmer les ardeurs de certains radicaux visiblement épuisés par l’usure du temps.
Mais une question demeure, si depuis 42 ans, Paul Biya n’a jamais montré l’envie de toucher dans le fond certaines questions sensibles de la vie politique au Cameroun, acceptera-t-il en si peu de temps d’engager autant de reformes ? Difficile à dire, mais ce n’est qu’un sursaut de conscience de dernière heure, tracera à jamais la voie du panthéon à celui qui aura passé toute sa vie dans la gestion des affaires publiques.