Que se passe t-il au lamidat de Garoua ou plus précisément qu’est ce qui chasse le nouveau lamido El Rachidine de son palais ?
C’est la question qui brule les lèvres et taraude les esprits des populations du chef de la région du Nord.
C’est que depuis son retour de Maroua où le gardien des traditions y était à l’effet de récolter les fonds pour la construction de la mosquée centrale de Garoua, le roi n’a plus jamais été aperçu, ni dans la ville, encore moins au palais et ceci depuis 1 mois déjà. Une absence du souverain auprès de ses administrés qui dure et sème déjà la confusion au sein de ceux-ci qui commencent à s’interroger.
Pour beaucoup, l’atmosphère au sein du palais royal est tendue et le lamido El Rachidine est accablé de critiques. On note qu’à l’intérieur de la Fada, après seulement 6 mois de règne, 6 notables pratiquement ont été démis de leurs fonctions par le roi et remplacés. Toute chose qui traduit le climat délétère qui règne dans ce palais où les serviteurs du lamido ne se retrouvent pas dans la gestion de celui-ci. Une ambiance susceptible d’expliquer son éloignement du palais et par conséquent d’ouvrir la porte, encore une fois, à une administration à distance ou par télécommande. Ce qui n’est pas du tout l’effet recherché par la désignation d’un lamido dont la proximité avec les populations reste et demeure un principe cardinal. Poursuivant toujours dans le registre de la gestion de la Fada, une curiosité se dégage du constat de 3 membres ayant atteint la quarantaine, mais qui ne sont toujours pas mariés. Un état de chose de nature à laisser libre cours aux suspicions de toute nature.
Si d’une part la gestion interne de la chefferie pose problème, les relations du roi avec d’autres chefs se sont détériorées, pire encore avec les différents secteurs d’activités d’autre part. En clair, le lamido a disparu des radars de Garoua après y avoir allumé plusieurs feux et ce faisant, sur de nombreux fronts à la fois :
1- bastonnade du Djaouro dont l’affaire est pendante devant les tribunaux et les organismes de droit de l’homme
2- litige réel avec le Lamido de Demsa à qui El Rachidine aurait refusé d’octroyer des dons dans un lycée de la place.
3- litige avec le Lamido de Tchemoa (Ngong) chez qui il aurait débauché un des notables pour le désigner Sardawna de Garoua. Un poste créé de toutes pièces par ses soins.
4- scandale autour de Limane Djafarou, Imam Central à qui on reproche des pratiques homosexuelles et pédophiles.
Une affaire gravissime sur laquelle le Lamido refuse catégoriquement de trancher, protégeant Liman Djafarou malgré toutes les plaintes et charges qui pèsent sur ce dernier.
5- Plus encore, la guerre déclarée avec le Lamido de Rey Bouba, par ailleurs Vice Président du Sénat, avec qui il veut se disputer le leadership dans la région du Nord.
6- le non respect des autorités administratives au rang desquelles, Gouverneur, Préfet et Sous préfets à qui il reproche de ne pas se mobiliser pour venir l’accueillir à l’aéroport lors de ses multiples voyages
7- La fixation qu’il s’est fait sur la chefferie de Gouna qui refuse de lui faire allégeance.
8- La révolte de la communauté Fali suite à sa dernière sortie vers Pitoa et Gebake
9- La grogne chez les vendeurs de carburant (Zoa zoa) dans la ville de Garoua à qui il aurait exigé de verser au Lamidat une somme mensuelle de 800.000 F cfa
10- Même courroux chez les bouchers à qui il aurait demandé de lui verser 3 millions de F Cfa par mois. Ce qui a coûté la place au chef boucher Sarki Pawa de Garoua auprès de sa Faada.
A ceci se greffent dans le même prolongement, les multiples taxes qu’il voulait imposer aux différents secteurs d’activités dans les villes allant des transporteurs, commerçants et gares routières. Au total, il s’agit de nombreux conflits gratuits ouverts dommageables non seulement à la bonne marche du lamidat, mais aussi préjudiciables au vivre ensemble dans toute la ville et même la Septentrion entier, si tant est que le roi daigne bien y mettre bon ordre, en commençant par regagner le palais où se trouve sa véritable place et ensuite revenir à la raison en mettant un peu d’eau dans son vin.