Le Rapport final de la chambre des comptes note que l’état du Cameroun aura payé plus de 15 milliards en plus.
Dans ce qu’on pourrait appeler le casse du ministère de la santé publique dans le Covidgate, les actes dommageables aux contribuables camerounais peuvent être classés en 05 catégories. D’abord les surfacturations. Elles ont touché l’achat des test Covid 19. Un test anti Covid 19 lui a été facturé à 17500 Cfa l’unité loin des 7 mille Francs en vigueur sur le marché international soit 10 mille Francs en plus sur chacun des 1 million 503 tests achetés dont 1 million 4 par l’entreprise Medeline Médical qui ne justifiait jusqu’en janvier 2020 d’aucune activité souligne la chambre des comptes.
Autre surfacturation, celle des ambulances. Le ministère de la santé publique a fait acheter une ambulance à 55 millions de FCFA. Un prix deux fois supérieurs a celui pratiqué par un autre concessionnaire installé à Yaoundé.
Le 2è point des cases du ministère de la santé publique, la controverse autour des prestations.
La haute juridiction relève que le poste santé construit à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen a été payé par deux fois. Soit deux factures réglées chacune de 216 millions de FCFA. Les travaux de ce poste santé comme celui du pavillon Neuphrologie de l’hôpital central de Yaoundé réhabilitée à 214 millions de FCFA ou encore le pavillon Lagarde du même hôpital évalué à 823 millions de FCFA ont été payés alors même que les travaux étaient encore en cours. Cela fait 03 marchés réceptionnés entre Avril et octobre 2020 et payés avant la fin des travaux pour 255 millions de FCFA.
Toujours sur les prestations, 4 unités d’isolement et de prise de charge des patients Covid 19 ont été construites puis démantèlée en octobre 2020 sans jamais avoir abrité un patient de Coronavirus pour 841 millions de FCFA d’après la chambre des comptes.
3è chapitre des cases imputé au ministère de la santé, le recours systématique aux marchés spéciaux sans opportunité et l’absence de transparence. En août 2020, le ministère de la santé publique, relate la chambre des comptes, passe en procédure d’urgence un marché de 16 ambulances auprès de la société YAO PHARM.
C’est en septembre que les ordres de mission seront signés soit 5 mois après la signature des marchés. Un délai largement au dessus de la procédure même lorsqu’elle concerne les marchés obéissant au code des marchés publics.
Entre juillet et septembre 2020, le rapport de la chambre des comptes note que le Minsanté a systématiquement fait recours aux marchés spéciaux alors que l’urgence n’était plus à l’ordre du jour en témoigne l’assouplissement des mesures de restriction autrefois imposées par le Gouvernement. Autre irrégularité.
Alors que le Minsanté lui même avait présélectionné 303 prestataires pour les marchés, la chambre note que 96 fournisseurs non compris dans cette liste se sont retrouvés à signer des marchés. Curiosité, 4 d’entre eux s’étant immatriculés au registre du commerce quelques jours plutôt ont gagné à eux seuls des marchés de l’ordre de 2 milliards de FCFA.
Toujours sur les prestations, la chambre des comptes relève qu’à Yaoundé, une somme de 118 millions de FCFA s’est envolé dans un marché fictif d’aménagement des logements pour les mises en quarantaine des passagers à Olembé. Les marchés du ministère de santé publique ont le plus souvent souffert d’un déficit de contrôle qui ont entraîné un dépassement à 81 milions de FCFA des engagements du département ministériel en 2020 loin des 31 millions prescrit par la présidence.
4è point des casses mises au compte du département ministériel tenu par MANAOUDA MALACHIE, les dépenses paradoxales.
La chambre des comptes souligne que pour la désinfection des marchés de Yaoundé, le Minsanté a utilisé 157 millions de FCFA alors même que tous les autres marchés du reste du pays ont été désinfectés à seulement 49 millions de FCFA. Par ailleurs, l’efficacité des désinfections à Yaoundé n’était pas au rendez car l’entreprise African DISTRIBUTION COMPANY choisie n’ayant pas l’expérience nécessaire elle qui n’a été créé qu’en janvier 2020 avec un personnel non outillé du fait de sa jeunesse dans ce secteur.
Toujours à propos des dépenses floues, la chambre des comptes de la cour suprême relève que le ministère de la santé publique a passé 4 marchés d’acquisition des médicaments pour 536 millions de FCFA. Le rapport d’audit Signale que le ministère n’a pas pu indiqué où les médicaments étaient stockés ni quel usage a été fait des produits supposés être acquis et ce en raison de l’absence d’enregistrement en comptabilité matière.
La chambre conclue qu’un risque de détournement à ce niveau est élevé.
Autre aspect des passations des marchés publics, celui relatif à l’aménagement du centre de prise en charge des patients ORCA à Yaoundé.
Si le site a simplement été mis à la disposition de l’état par son propriétaire, le rapport note que ce propriétaire a par ailleurs gagné deux marchés spéciaux de 631 millions de FCFA. C’est une contrepartie déguisée obtenue de l’état, écrit les enquêteurs qui pensent que les conditions de la mise à disposition auraient dû être transparentes pour protéger les intérêts des caisses publiques.
Enfin, le 5è chapitre des casses du ministère de santé publique, les liens d’intérêts entre ceux qui passent les marchés et les entreprises qui les gagnent.
Le rapport cite nommément 03 entreprises. ABOA PERSPECTIVE, ABS MOTORS et PHASE ENGENEERING CAMEROON. Trois entreprises qui ont gagné 5 marchés de l’ordre de 796 millions de FCFA. L’élément commun entre les trois entreprises c’est qu’elles ont toutes les 3 pour gérant le petit frère du Président du Groupe de travail qui arbitre la passation des marchés Covid 19 au ministère de la santé publique.
A partir de ces éléments, la chambre des comptes dit avoir ouvert 14 procédures pour faute gestion, 1 procédure pour faute de gestion de fait. La chambre des comptes dit avoir transmis au ministre de la justice 12 dossiers susceptibles de revêtir une qualification pénale