Demande de visa : la France va davantage appauvrir les pauvres camerounais

Les consulats de France au Cameroun pratiquent de nouveaux frais de visa depuis le 11 juin dernier.  Une augmentation des couts de 12 % jugée comme une escroquerie pour cette représentation diplomatique qui refuse systématiquement et de façon arbitraire les visas aux demandeurs.

Comme toutes ses consulats dans le monde, les consulats de France au Cameroun viennent de procéder à l’augmentation des frais de visas. Sur le site de la représentation diplomatique située au plateau Atemengue à Yaoundé, on peut lire : « avis à nos usagers : à compter du 11 juin 2024, les nouveaux frais de visa Schengen seront de 90 euros (soit 59 000 FCFA) pour les adultes, et de 45 euros (30 000 FCFA) pour les enfants âgés de 6 à moins de 12 ans ». Cette augmentation s’appuie, selon le site de l’ambassade de France, sur une décision de la Commission européenne qui vise « à augmenter de 12% les frais de visa Schengen de court séjour dans le monde entier ».

Arbitraire

Si la décision d’augmenter en elle-même ne pose pas de problème, c’est l’arbitraire entretenu dans cette représentation diplomatique pour le traitement des demandes de visas qui écœure les usagers.  Plusieurs demandeurs de visas de la France ont été confronté aux refus de visas sur des bases parfois arbitraires, alors qu’ils ont présenté toutes la documentation requise.

Ce ne sont pas d’ailleurs les témoignages qui manquent. Un artiste révolté parle : « j’ai obtenu un premier visa pour la France, je suis parti et je suis revenu dans les délais. Trois mois plus tard, j’ai eu plusieurs dates de concert pour le mois de mai et de juin, je suis allé déposer ma demande de visa avec des relevés de compte bancaire affichant des avoirs largement suffisants pour la période que je devais passer en France, mais le visa m’a été refusé, sous la base arbitraire de ce que les documents que je présentais n’étaient pas fiables. Pourtant c’est la même structure qui m’avait invité la première fois que j’avais obtenu le visa », raconte-t-il. Des refus arbitraires qui brisent les rêves de certains artistes comme celui de la jeune artiste camerounaise Joyce SA’A invité à Paris à un concert live organisé par la structure événementielle Torpédo Envol Prod qui s’est heurtée à un refus systématique du visa. Joyce SA’A devait aller vivre pour sa toute première fois en live sur la même scène du côté de Paris aux côtés d’une des plus belle voix d’or musicale Camerounaise de ces dernières décennies.

Les artistes ne sont pas les seuls qui en pâtissent. Même des femmes mariées aux expatriés français et qui n’auraient pas suivi la procédure, d’après le consulat en font les frais. Les universitaires, fonctionnaires, homme d’affaires ne sont épargnés par cette foudre arbitraire qui frappe au plateau Mvog Atemengue à Yaoundé et à la rue des cocotiers à Douala.  

« Je suis chef d’entreprise. J’ai déposé ma demande de visa pour assister à une conférence internationale sur l’économie numérique en France. J’avais une invitation de la structure organisatrice, des réservations d’hôtel, le dossier fiscal de l’entreprise à jour, un relevé bancaire de l’entreprise bien fourni, mais je n’ai pas eu le visa » affirme ce jeune chef d’entreprise sous anonymat. Tant pis si vous engagez une requête. « Celle-ci n’est qu’une autre fuite en avant de l’ambassade », affirme un usager.

Tradition

Parmi les raisons souvent mises en avant pour justifier les refus de visas, le consulat de France évoque : les risque de non-retour au pays, une documentation souvent pas fiable etc. Des raisons qui tiennent dans certains cas, mais qui ne pourraient valoir pour la pléthore de refus de visas qu’on voit dans les consulats de France au Cameroun. « Je suis capitaine de Douane au Cameroun, j’ai 50ans, je demande un visa pour aller voir mon fils en France, on me dit que le risque que je ne rentre pas est énorme. Comment peut-on penser qu’avec mon statut, c’est aux portes de la retraite que je vais quitter mon pays et qui plus est, de façon clandestine? », s’interroge un demandeur qui a fait les frais.   

Ces refus systématiques de visas dans les consulats de France au Cameroun sont une vielle habitude, mais   le fait semble s’être aggravé avec l’arrivé d’une certaine Ladoga Christine comme Chef de Service de Visa à la Section Consulaire de l’Ambassade de France à Yaoundé.  Pourtant, l’ambassadeur de France au Cameroun le Général Thierry Marchand avait laissé croire, lors de sa prise de fonction en 2022 qu’il va augmenter le nombre de visas aux ressortissants camerounais dont les dossiers sont conformes et qui présentent toutes les garanties.

Une manne financière qui enrichit les riches

L’augmentation des frais pour les demandeurs de visa de tous les pays de l’Union européenne et les refus systématiques de visas qui s’en suivent profitent sans ambiguité aux pays où les demandes sont déposées. Selon les statistiques, 704 000 demandes de visa Schengen déposées par des ressortissants d’Afrique ont été rejetées en 2023, selon la plateforme officielle SchengenVisainfo. Cela représente près de 60,5 millions USD (56,3 millions €) de dépenses effectuées en pure perte par les Africains et captées par l’Union européenne. Les frais de demande (80 € en 2023) ne sont en effet pas remboursables.

Cette somme représente également 43% des dépenses mondiales en demandes de visa. Un juteux business qui donne d’ailleurs des idées à certains gouvernements. Rishi Sunak, le premier ministre du Royaume Uni avait annoncé il y a quelques mois qu’une augmentation de salaire de 5 à 7 % pour le secteur public, y compris les médecins et les enseignants serait partiellement financée par l’augmentation des frais payés par les migrants pour vivre et travailler au Royaume-Uni. Selon les plans, le coût normal de la surcharge de santé pour l’immigration – la redevance que de nombreux migrants doivent payer avant de soumettre une demande de visa passera de £624 à £1 035 par an et par personne, soit une augmentation de 417 % par rapport à il y a cinq ans. Les frais pour les étudiants internationaux et les enfants passeront de £470 à £776 par an. Un plan qualifié de « profondément injuste » et « délibérément clivant » par des associations caritatives, des syndicats et des politiciens.

Mimi Mefo Info

Joseph Essama

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