Depuis quelques semaines, la Cameroon Water Utilities (Camwater) publie dans les réseaux sociaux un programme de rationnement de l’eau dans la ville de Yaoundé, principalement. Quasiment toute la capitale est impactée par la distribution au compte-gouttes de la précieuse denrée que constitue l’eau potable.
Comme le déclamait jadis la publicité, l’eau, c’est la vie. Mais dans de nombreux territoires au Cameroun, elle est devenue une source de mort. À cause de sa rareté, il faut très souvent s’en remettre au système D avec le risque de contracter une maladie hydrique. Le choléra, par exemple, fait des ravages ici et là, en surfant allègrement sur l’indisponibilité de l’eau potable. Le coronavirus aussi, qui n’a manifestement pas dit son dernier mot, trouve également un terreau fertile dans le manque d’eau potable.
Au service public de l’eau défaillant s’ajoute le service public de l’électricité claudicant. Là aussi l’actualité se conjugue au rationnement ou plus communément aux délestages. Les programmes dédiés sont quotidiens dans de nombreux quartiers des villes camerounaises, notamment Yaoundé et Douala.
Des raisons plus ou moins fondées existent pour expliquer le rationnement sévère de l’eau et de l’électricité, mais elles restent pour la plupart en travers de la gorge des consommateurs. Le retard criard accusé en matière d’investissement public dans ces secteurs névralgiques passe mal aux yeux d’une bonne frange de l’opinion publique.
En matière de produits de grande consommation, c’est tout aussi un rationnement qui est imposé aux Camerounais depuis des mois. Le panier de la ménagère est à moitié vide, du moins pour les petites et moyennes bourses.
La vie chère a atteint des proportions inquiétantes et insupportables au point où dans certaines localités du pays à l’instar de Foumbot, l’adrénaline monte, faisant planer le spectre des émeutes de la faim.
Essentiellement dépendante des exportations, la consommation des aliments de première nécessité paie le lourd tribut de la crise russo-ukrainienne et, plus loin, de la crise sanitaire liée au Covid-19.
Bien plus, la relance ou l’accélération de la production locale des produits de grande consommation reste grippée au Cameroun, en dépit du discours officiel qui vante ces derniers temps des concepts tels que l’import-substitution. Dans les faits, on n’est pas loin d’un slogan, un nouveau, faute d’une vision rationnelle, structurée et robuste en la matière.
Au final, le Camerounais d’en bas dont le pouvoir d’achat se rabougrit au fil des jours comme une peau de chagrin va continuer à se serrer la ceinture. A vivre au régime du rationnement.
George Alain BOYOMO, Journaliste.