Suivant une enquête approfondie menée par le journaliste Brice Mbodiam pour Investir au Cameroun qui offre un aperçu détaillé de la situation des recettes pétrolières au Cameroun au premier trimestre 2024, la situation est inquiétante.
En effet selon le document préparé par le ministère des Finances en vue du débat d’orientation budgétaire (DOB) de l’année 2025, l’État du Cameroun a collecté un total de 167,4 milliards de FCFA de recettes pétrolières entre janvier et mars 2024. Sur ce montant, 127,4 milliards de FCFA correspondent à la redevance versée au Trésor public par la Société nationale des hydrocarbures (SNH), tandis que 40 milliards de FCFA ont été reçus au titre de l’impôt sur les sociétés pétrolières.
Cependant, d’après les informations de Brice Mbodiam, les données du ministère des Finances indiquent que ce montant représente seulement 82,7% des objectifs initiaux, comparé à la prévision gouvernementale de 202,4 milliards de FCFA. Cette sous-performance contraste avec les 249,1 milliards de FCFA collectés au premier trimestre 2023.
Le ralentissement de la collecte des recettes pétrolières est principalement attribuable à la baisse de la redevance SNH, qui a diminué de 25,7 milliards de FCFA par rapport aux prévisions initiales, et de 88,3 milliards de FCFA en glissement annuel. En revanche, malgré la contreperformance dans la collecte de l’impôt sur les sociétés pétrolières par rapport aux prévisions, le fruit de cette taxe a augmenté, passant de 33 milliards de FCFA à 40 milliards de FCFA entre mars 2023 et 2024.
Avec cette performance, le Cameroun s’éloigne de son objectif annuel de collecte des recettes pétrolières, fixé à 801,6 milliards de FCFA à fin décembre 2024. Pour y parvenir, les administrations fiscales devront maintenir un rythme de collecte moyen de 200 milliards de FCFA chaque trimestre.
La loi de finances rectificative, actuellement en cours de validation par les députés camerounais, vise à ajuster cet objectif, qui avait été fixé initialement à 809,5 milliards de FCFA. Cette révision souligne les défis auxquels est confronté le Cameroun dans la mobilisation de ses recettes pétrolières, malgré le potentiel significatif de ce secteur pour l’économie nationale.
Gilles Noubissie