Leurs maisons en cours de finitions ont été démolies en présence du préfet du département du Diamaré, Jean Marc Ekoa Mbarga, qu’accompagnaient les responsables de la société Eneo et ceux du projet de construction de la centrale solaire de Maroua.
Ce sont plusieurs années d’économies qui s’envolent pour ces familles. Bien que régulièrement annoncée depuis des années, cette opération de déguerpissement des centaines de riverains installés sur ce site d’une superficie de 2,5 hectares appartenant à l’État, n’avait jamais eu lieu. Une opération de démolition engagée par les autorités locales n’a pas été du goût de certaines personnes. Mécontents, des riverains se sont opposés à l’opération en faisant un bras de fer avec les équipes de démolition.
La riposte musclée des forces de maintien de l’ordre et de sécurité venues nombreuses sur les lieux, a permis de poursuivre les travaux de démolition. Les victimes disent avoir acheté leurs terrains chez le Lamido de Maroua, mais aucune signature de l’autorité administrative n’est portée sur les certificats de vente. Une seule personne, Monsieur Boubakary Dania (aujourd’hui disparu Ndlr) détenait un titre foncier depuis délivrée depuis 1974. Avant que l’Etat ne récupère le terrain, cette famille a été dédommagé à près de 30 millions de FCFA, par l’État du Cameroun; le chèque a été remis par le préfet du Diamaré en présence des parties prenantes.
Selon nos sources la braderie des terres que connaît la zone est l’œuvre d’un prince de Maroua, Yerima Ahmadou alias Barounga le grand frère du Lamido de Maroua. Bien connu dans les transactions foncières dans la ville, il délivre la majorité des certificats de vente, avec la signature du Lamidat de Maroua.
Les travaux de démolition devraient permettre de lancer le projet de construction des centrales solaires de Guider et de Maroua d’une capacité de 25 MW. En plus de la centrale solaire sur le site, la CNPS, la sous-préfecture de Maroua 2ème, la brigade et certaines structures y disposent des patrimoines fonciers.
Un consortium formé par plusieurs entreprises effectuera les travaux qui pourraient être livrés en 2022. Évalué au départ à 15 milliards, le projet coûtera finalement 17 milliards FCFA pour la construction de ces deux centrales solaires de 25 MW. Les 3 milliards supplémentaires à l’amélioration de la qualité des plaques solaires qui seront utilisées.
Pour Alain Taïzoumbe, l’une des victimes du déguerpissement d’hier: ” J’ai acheté mon terrain depuis 2012 et on ne nous a pas dit qu’il appartenait à l’État. J’y ai investi plus de deux millions de FCFA aujourd’hui, voilà qu’on vient tout casser. Je ne sais quoi dire. Avant, ils nous avaient dit qu’on allait nous dédommager, mais rien n’a été fait. Ils sont venus juste démolir et personne ne nous dit plus rien. Je ne sais pas quoi dire vraiment.”
Du côté d’Eneo (l’entreprise de founiture d’énergie électrique Ndlr) en revanche, l’on dit avoir annoncé plusieurs fois aux populations la nécessité de déguerpir et de cesser tous les travaux sur le site. “Nous avons servi des sommations à certains propriétaires, par le biais de nos huissiers; mais cela ne les a pas arrêtés. Que pouvons-nous y faire ? ” s’interroge un responsable. Qui fait d’ailleurs remarquer que sur l’ensemble du site, une seule sur la centaine d’occupants détient un titre foncier dûment établi par les autorités.
Les travaux de construction de la clôture de sûreté de la centrale solaire de Maroua sont déjà lancés, a rassuré Ekolo, chef adjoint de ce projet. Rappelons que le projet de construction des centrales solaires de Maroua (15 MW) et de Guider (10 MW) lancé en 2018 est une grande première en Afrique Centrale. Elle devrait résorber de façon durable le problème de déficit de l’électricité dans cette partie du pays, avec le coût d’un megawatt qui devrait revenir à moins de 50 FCFA.
Mimi Mefo Info Français (MMIF)