Face à la vie chère, le Gouvernement choisit d’empoisonner les populations ? Interdits de vente au Cameroun depuis des lustres, les services du Premier ministre ont depuis le mois d’avril 2024, instruit le ministre du Commerce, de lever la mesure d’interdiction de la vente du « vrac » au Cameroun. Une huile réputée pourtant dangereuse pour la consommation.
L’huile végétale communément appelée « vrac » est une huile « raffinée ne répondant pas à la norme en vigueur et d’application obligatoire au Cameroun, et dont les manipulations et le conditionnement dans des emballages à la propreté parfois douteuse, exposent les consommateurs à certains risques sanitaires ». Dans une correspondance adressée par le ministre du Commerce aux transformateurs d’huile de palme, le 19 septembre 2023, Luc Magloire Mbarga Atangana en disait plus sur le caractère nocif de cette huile. « Dans le contexte actuel de manipulation des aliments, synonyme de la mise en danger de la vie des consommateurs, des instructions fermes ont été données par la haute hiérarchie, en vue du strict respect par tous les acteurs des règles en matière de sécurité sanitaire des aliments (…). Dans le cas spécifique de votre filière, se trouve particulièrement visée la question des huiles en vrac, dont la commercialisation, parce que porteuse de risques graves pour la santé des consommateurs, est interdite ».
Pour sa part, le directeur général de l’Agence des normes et de la qualité (Anor), Charles Booto à Ngon, dans un communiqué de presse publié le 26 septembre 2023 dénonçait « (…) La prolifération sur le marché des huiles vrac, le non-respect des normes en vigueur dans le secteur, ainsi que la difficile traçabilité des productions écoulées sur le marché camerounais exposent les consommateurs à des risques sanitaires graves ».
Malgré cette dangerosité certaine du vrac, le gouvernement a autorisé sa commercialisation, prétextant, selon des sources de nos confrères d’Investir au Cameroun, « voler au secours de certains opérateurs de la filière huile de palme, qui font actuellement face à des difficultés à la fois financières et commerciales, en raison de divers chocs exogènes ».
Le gouvernement a certes tenté d’atténuer son scandale en précisant que la levée de l’interdiction dont il est question n’est que « partielle et exceptionnelle », puisqu’elle vise à fournir le « vrac » « exclusivement » à des entreprises telles que les boulangeries, les savonneries, les chocolateries… qui en sont les grands utilisateurs. Mais il est évident au regard du contexte camerounais que cette levée d’interdiction s’assimile à un feu vert donné aux acteurs de la production des huiles. Dans la pratique, on ne sera pas surpris que les cargaisons d’huiles mises à la disposition des boulangeries, des savonneries, des chocolateries se retrouvent sur le marché et soient à la consommation du public à des prix défiants toute concurrence, au grand dam de la santé des populations.
Bien plus, au regard des avantages économiques que procure le « vrac », certains raffineurs pourraient être tentés de se lancer dans la production à grande échelle de ce produit beaucoup moins coûteux à la production. Et c’est le fisc qui sera le plus gros perdant, puisque cette huile qui ne transite pas par des emballages étiquetables file facilement dans les circuits de commercialisation informels.
Mimi Mefo Info – Vie chère