Quatre morts et plusieurs blessés graves. C’est le bilan provisoire du conflit communautaire ayant opposé deux villages le jeudi 10 août 2023 dans l’arrondissement de Kaï-Kaï, département du MayoDanay, région de l’Extrême-Nord.
Selon les informations recueillies auprès des villageois, les villages Doukouroye et Silla, peuplés par des Mousgoums, se disputent une rivière qui sépare les deux localités. « Ce sont les habitants de Silla qui sont allés trouver Awandaye, un habitant de Doukoroye dans son champ. Il s’est fait ruer des coups et ses deux bras ont été cassés parce que, ni couteau ni machettes ne pouvaient le blesser. Alertés, les habitantsde Doukouroye sont sortis en masse pour défendre leur frère », explique Barthélemie Assakal, habitant d’un village voisin. L’intensité avec laquelle se déroulait le conflit entre les antagonistes était telle que les forces de maintien de l’ordre et de sécurité de l’arrondissement de Kaï-Kaï dépêchés sur les lieux, étaient débordés par l’ampleur des combats. Dans cette bagarre « fratricide », le chef du village de Silla a perdu deux de ses enfants, Hamidou et Adama.
Et du côté de Doukouroye, c’est le Djaouro (chef) Issa de Ngolomba et un autre habitant qui ont été assassinés dans ce conflit.
Les populations des deux villages et ceux des villages environnants pointent le doigt accusateur vers les autorités traditionnelles et administratives locales. Pour elles, ce sont ces deniers qui ont joué un trouble-fête dans la gestion de cette situation. Sabotant ainsi les efforts du préfet du département de Mayo-Danay. « La situation a perduré entre lesdeux villages. L’affaire était déjà devant le procureur près le tribunal de Yagoua. Mais sachant que dans notre pays, les procès n’aboutissent souvent pas à cause de la corruption, cette affaire a pris une autre tournure. Les villageois ne veulent pas qu’un habitant du village Doukouroye puisse cultiver dans le village Silla aux abords de la rivière qui les sépare, et vis-versa », explique Adogoye, habitant de la zone.
Dans la région de l’Extrême-nord, les conflits liés aux ressources contaminent de plus en plus l’ensemble des départements. Pour cause, la mauvaise gestion locale des terres qui provoque des conflits non seulement entre locaux, mais aussi entre autochtones et grands exploitants agricoles, surtout ceux qui accaparent le plus souvent des vastes terres. Une situation qui inquiète de plus en plus les villageois. Au moment où nous mettons sous presse, le bilan reste le même et les blessés graves quant à eux ont été répartis dans les hôpitaux de Kaï-kaï Yagoua.
Source : L’oeil du Sahel du 16 Août 2023