La détention du leader séparatiste Lucas Ayaba Cho a de nouveau été prolongée après l’audience du 10 mars dans un tribunal d’Oslo. Ce leader restera en détention jusqu’au 5 mai prochain, marquant ainsi la quatrième prolongation successive depuis son arrestation en Norvège en septembre 2024.
Pour justifier cette prolongation, la justice norvégienne a une fois de plus souligné la crainte que le prévenu ne tente de détruire des preuves s’il venait à être libéré sous caution, tout en le qualifiant de risque élevé de fuite.
Leader de l’Ambazonia Defence Forces – la branche armée du Conseil de gouvernement d’Ambazonie (AGovC) –, Lucas Ayaba Cho est soupçonné d’incitation à des crimes contre l’humanité et de financement de la violence séparatiste. Selon plusieurs rapports et enquêtes internationales, sous sa direction le groupe aurait orchestré des actions brutales visant à terroriser la population des régions anglophones du Cameroun. En effet, il aurait ordonné de punir systématiquement toute personne jugée collaboratrice du gouvernement, allant jusqu’à recommander des exécutions sommaires et la destruction d’infrastructures civiles essentielles.
Depuis le début de la crise anglophone en 2016, Ayaba Cho s’est illustré par des déclarations incendiaires et des directives qui ont alimenté une spirale de violence. Ainsi, son groupe est accusé d’avoir ciblé des civils innocents, d’avoir enlevé des travailleurs humanitaires, d’avoir incendié des écoles et d’avoir usé d’intimidation pour forcer l’obéissance – pratiques qui ont contribué à la déstabilisation et à l’horreur quotidienne dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun. Par exemple, en juillet 2023, après le massacre de Bamenda, il avait déclaré que chaque fois que l’armée camerounaise tuerait des civils anglophones, les Forces de défense de l’Ambazonie riposteraient en ciblant des civils francophones, accentuant ainsi la dimension sectaire du conflit.
Ces incitations à la violence, diffusées depuis son exil en Norvège, ont eu pour effet d’exacerber les tensions ethniques et de propager la terreur parmi les populations déjà fragilisées par des décennies de marginalisation. Des témoignages de victimes et des rapports d’organisations internationales dénoncent des actes d’exécutions extrajudiciaires, des incendies criminels et des détentions arbitraires – autant d’abus qui ont fait de Lucas Ayaba Cho une figure controversée et recherchée pour son rôle dans les atrocités perpétrées.
En dépit de ces graves accusations, toutes les demandes de libération sous caution introduites par ses deux avocates ont été rejetées. Son arrestation en Norvège, motivée par des charges d’incitation aux crimes contre l’humanité, est aujourd’hui perçue comme une avancée symbolique dans la lutte contre l’impunité, tout en mettant en lumière le coût humain de la lutte pour l’indépendance de l’Ambazonie.
L’ampleur des violences attribuées à ses ordres et à sa rhétorique se traduit par des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés et la destruction d’infrastructures vitales dans une région déjà déchirée par la crise. La communauté internationale, tout en condamnant fermement ces excès, appelle à une enquête impartiale sur l’ensemble des abus commis tant par les forces étatiques que par les groupes armés séparatistes.