Le barrage hydroélectrique de Songloulou, pilier du réseau électrique camerounais, traverse une crise sans précédent. Avec un déficit de deux milliards de mètres cubes d’eau dans ses réservoirs et un débit tombé à 800 mètres cubes par seconde contre les 1 100 nécessaires, l’infrastructure peine à maintenir sa production. Cette situation plonge une grande partie du pays dans des délestages répétés et démontre les fragilités du système énergétique national.
La centrale, qui devrait normalement fournir 35 % de l’électricité du Réseau Interconnecté Sud alimentant sept des dix régions du pays, fonctionne actuellement bien en deçà de ses capacités. Les conséquences se font sentir dans les grandes villes comme Douala et Yaoundé, où les coupures de courant ont augmenté de 40 % depuis le début de l’année. Un technicien sur place, souhaitant garder l’anonymat, confie : “Quand Songloulou a des problèmes, c’est tout le sud du Cameroun qui souffre.”
Cette crise trouve ses origines dans plusieurs facteurs. Quatre barrages en amont – Lom Pangar, Mbakaou, Mapé et Bamendjin – devaient assurer une régulation constante du débit de la Sanaga. Pourtant, en 2023, le déficit de remplissage a atteint deux milliards de mètres cubes. Les experts pointent du doigt une gestion trop prudente des réserves, combinée à un étiage particulièrement sévère cette année. “Les lâchers d’eau ont été insuffisants par crainte de vider complètement les barrages”, explique un hydrologue de l’Université de Yaoundé I.
Les avis divergent sur les causes profondes de cette situation. Si Eneo, l’opérateur du barrage, met en avant les effets du changement climatique, d’autres observateurs soulignent des problèmes de gestion. “Pourquoi Lom Pangar, rempli à 80 %, n’a-t-il pas compensé les déficits des autres réservoirs ?”, s’interroge un spécialiste des énergies renouvelables. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en mai, le débit de la Sanaga est descendu sous les 700 mètres cubes par seconde, un niveau jamais vu depuis 1998.
Le nouveau barrage de Nachtigal, avec ses 420 mégawatts de capacité, devait constituer la solution à ces problèmes. Mais son intégration au réseau électrique rencontre des difficultés techniques, notamment des retards dans le déploiement des lignes haute tension et des déséquilibres de fréquence entre les différentes centrales. Ces retards coûtent cher : Eneo estime ses pertes à 25 milliards de francs CFA pour l’année 2024.
Cette crise relance le débat sur la nécessité de diversifier les sources d’énergie au Cameroun. Le solaire, avec seulement 32 mégawatts installés sur un potentiel estimé à 1 000, reste largement sous-exploité. Le projet éolien de Kribi, prévu pour 100 mégawatts, stagne toujours au stade des études. Quant au terminal gazier flottant de Kribi, il pourrait pourtant alimenter des centrales thermiques en cas de besoin.
Face à cette situation, le ministère de l’Eau et de l’Énergie a annoncé la création d’une cellule de crise pour revoir la gestion des barrages. Mais pour les industries de Douala, qui subissent jusqu’à huit heures de coupures par jour, chaque jour perdu représente un manque à gagner estimé à 1,2 milliard de francs CFA.
Cette crise énergétique met en lumière les défis auxquels fait face le Cameroun : moderniser ses infrastructures vieillissantes, mieux gérer ses ressources en eau et diversifier son mix énergétique pour éviter de futures pénuries. Des enjeux cruciaux pour le développement économique du pays.
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