Alors qu’au Cameroun les citoyens doivent encore payer pour accéder à leurs propres chaînes locales, y compris la CRTV, malgré une redevance déjà prélevée chaque mois sur leurs salaires, le Burkina Faso prend une décision forte en faveur du droit à l’information. Le pays oblige désormais Canal+ à diffuser gratuitement les chaînes publiques nationales, même après expiration de l’abonnement. Un exemple qui mérite réflexion.
C’est une mesure qui ne passe pas inaperçue dans le paysage médiatique ouest-africain : depuis le 14 février 2025, une convention signée entre le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso et le groupe Canal+ impose à ce dernier de diffuser en clair toutes les chaînes publiques nationales. Concrètement, même lorsque leur abonnement est expiré, les utilisateurs burkinabè doivent continuer à avoir accès gratuitement à la télévision nationale, notamment aux chaînes de la RTB.
L’objectif est clair : protéger le droit des citoyens à l’information, quel que soit leur statut ou leur pouvoir d’achat. Le CSC entend, par cette clause incluse à l’article 8 de la convention, garantir un accès permanent à l’information publique, surtout dans un contexte où l’actualité nationale revêt un enjeu essentiel pour la vie démocratique et la cohésion sociale.
Pendant ce temps, au Cameroun…
La décision du Burkina Faso contraste fortement avec la situation que vivent des millions de Camerounais. Dans ce pays voisin, les chaînes locales (y compris la chaîne publique CRTV) sont uniquement accessibles sur Canal+ à condition de souscrire un abonnement, dont le coût minimum s’élève à 5 000 FCFA. Une somme qui peut sembler dérisoire à certains, mais qui reste un obstacle pour de nombreuses familles modestes.
Ce qui agace encore plus : cette obligation d’abonnement intervient alors que l’État prélève déjà une redevance audiovisuelle chaque mois directement sur les salaires des travailleurs, censée garantir un accès public aux médias nationaux. Une double peine qui soulève des interrogations sur la volonté réelle des autorités de défendre l’intérêt général.
Le Conseil national de la communication (CNC), censé jouer ce rôle de régulateur, est régulièrement accusé de se focaliser sur la surveillance (voire la répression) des médias locaux, plutôt que d’exiger des opérateurs comme Canal+ un accès équitable aux chaînes publiques.
Au Burkina Faso, la mise en œuvre de la mesure est désormais entre les mains de Canal+, à qui le CSC demande de prendre les dispositions techniques nécessaires. L’organisme régulateur se dit confiant quant à la rapidité d’exécution de cette obligation.

Reste à savoir si cette initiative inspirera d’autres pays du continent. Dans un monde de plus en plus numérisé, où l’information devient un bien stratégique, le Burkina Faso rappelle que l’accès à la télévision publique n’est pas un privilège, mais un droit citoyen.