Le secteur énergétique camerounais amorce un tournant décisif avec la réactivation des centrales à gaz de Kribi et à fuel de Dibamba, à la suite d’un accord entre le gouvernement et la société britannique Globeleq. Cette initiative marque un espoir renouvelé pour résoudre la crise des délestages qui affecte le pays depuis plusieurs mois.
Ces deux centrales, arrêtées en décembre 2024 en raison des impayés d’ENEO, principal distributeur d’électricité au Cameroun, représentent une part significative de la production nationale. La centrale à gaz de Kribi, avec une capacité de 216 MW, et celle de Dibamba, qui fournit 88 MW, contribuent à environ 20 % de l’électricité produite dans le pays. Leur remise en service intervient alors que la production hydroélectrique a fortement baissé, notamment au barrage de Memve’ele, où la capacité journalière est passée de 211 MW à seulement 35 MW, aggravant les coupures d’électricité.
La crise énergétique actuelle trouve en partie son origine dans les dettes élevées d’ENEO, estimées à plus de 130 milliards de francs CFA. Ces arriérés ont paralysé les relations avec les producteurs indépendants et ont conduit à des interruptions fréquentes dans la fourniture d’électricité. Cette situation a mobilisé les ministères de l’Eau et de l’Énergie et des Finances, qui cherchent à stabiliser le secteur par des réformes et des accords financiers.
Malgré l’entrée en service des premiers groupes du barrage hydroélectrique de Nachtigal, qui devrait fournir 420 MW à terme, les défis restent nombreux. Les infrastructures de transport et de distribution d’électricité continuent de limiter l’accès à une énergie stable pour les populations. Le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a annoncé que l’année 2025 sera consacrée à l’optimisation des réseaux, une étape essentielle pour maximiser les capacités de Nachtigal et des autres infrastructures.
La relance des centrales de Kribi et Dibamba constitue une étape importante, mais elle ne suffira pas à elle seule pour répondre aux besoins énergétiques croissants du Cameroun. Pour parvenir à une fourniture d’électricité fiable, une réforme globale du secteur reste essentielle, avec des investissements dans les infrastructures, une gestion des dettes et une amélioration des performances des réseaux.