Cameroon

Les prisonniers veulent un 8e mandat pour Paul Biya : Manipulation ou réalité ?

Le 17 avril 2020 correspond à la date à laquelle le président Paul Biya avait signé le dernier décret de remise de peines pour certains détenus au Cameroun. Dans les prisons, c’est encore une surpopulation carcérale, avec parmi ces derniers, des prisonniers politiques arrêtés dans le cadre des manifestations pacifiques de 2020, au cours des quelles ils dénonçaient la guerre dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, ainsi qu’une révision du code électoral. Les conditions de vie dans les prisons sont rudes mais pourtant,ce 17 mars 2025, le journal Essingan a rapporté qu’un appel inattendu provenant de prisonniers camerounais, exhorte le président Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 43 ans, à se porter candidat pour un 8e mandat.

Soutenir le président Biya en tant que détenu semble paradoxal, surtout lorsque l’on considère que ces prisonniers vivent dans des conditions notoires de précarité. Au lieu de revendiquer des améliorations pour leurs conditions de détention ou d’exiger des réformes au sein du système pénitentiaire, ils choisissent de se ranger du côté d’un régime dont ils souffrent, ce qui suscite des questions sur la véritable nature de leur soutien.

Le journal Essingan, connu pour sa proximité avec le pouvoir en place, n’a pas fourni d’informations sur l’identité des prisonniers à l’origine de cet appel. Ce manque de détails alimente les doutes quant à la véracité de cette information et soulève des soupçons d’une possible instrumentalisation des détenus à des fins politiques.

La réalité des prisons camerounaises est alarmante. Selon Human Rights Watch, environ 5 000 personnes sont actuellement détenues dans la prison centrale de Yaoundé, un chiffre qui représente cinq fois la capacité prévue. La majorité d’entre elles attendent leur procès en détention préventive, vivant dans des conditions qui ne peuvent être qualifiées que de dégradantes.

Dans un tel contexte, il est difficile de comprendre comment des individus confrontés à de telles épreuves pourraient soutenir la prolongation du mandat d’un président dont le régime est régulièrement critiqué pour son manque de respect des droits de l’homme. Les conditions de vie insalubres, la surpopulation carcérale et l’absence de soins médicaux adéquats devraient, en théorie, inciter ces prisonniers à revendiquer des réformes au lieu de soutenir un régime controversé.

Manipulation de l’opinion publique ?

En somme, l’article du journal Essingan apparaît comme une tentative de manipulation de l’opinion publique, visant à donner l’impression d’un soutien au régime parmi des groupes de la population qui sont souvent marginalisés. Cette situation soulève des questions cruciales sur la manière dont les voix des plus vulnérables sont utilisées dans le discours politique, tout en mettant en lumière les défis persistants auxquels le système pénitentiaire camerounais doit faire face.

Mimi Mefo Info

Gilles Noubissi

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