Maintien de l’ordre : le préfet du Mfoundi plonge dans une dérive autoritaire – Dans un arrêté signé hier par le préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent menace d’interdire de séjour dans le département du Mfoundi, toute les personnes qui appellent au soulèvement contre les institutions de la République, un acte administratif qui ne s’appuie sur aucune base légale.
Parler à Yaoundé est devenu dangereux. Ainsi va la vie au Cameroun où les autorités semblent plonger dans une dérive autoritaire sans précèdent à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Désormais, ceux qui vont oublier «la règle du silence », courent le risque « d’être frappée d’une interdiction de séjour dans le département », du Mfoundi, lit-on dans un arrêté signé par Emmanuel Mariel Djikdent, le préfet du Mfoundi. Le texte met en avant « les nécessités de préservation de l’ordre public », et vise également « (…) toute personne qui appelle au soulèvement contre les institutions de la République ; outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne (ndlr : autrement dit le chef de l’État Paul Biya, même s’il n’est pas nommé) par tout moyen de communication suivi dans le département (…) »
Devant plusieurs organes de presse hier, Emmanuel Mariel Djikdent, a martelé qu’« il ne faudrait pas que les plateaux de télévision servent de tribunes pour appeler à un soulèvement ». Selon le préfet du Mfoundi certains propos tenus dans les débats télévisés très suivis du dimanche, peuvent être constitutifs de troubles à l’ordre public. Il a ainsi appellé à la responsabilité sociétale des journalistes qui modèrent les débats et choisissent les invités.
Le préfet a en outre indiqué que son arrêté qu’il a signé ne vise personne en particulier, « mais nous mettons en garde, dit-il. Toute personne qui va appeler au soulèvement contre les institutions est susceptible d’être interdite de séjour dans notre département.» L’interdiction de séjour, si elle est prononcée, serait temporaire, apprend-on.
Une décision qui fait rougir quand on sait que, ni la constitution, ni le décret portant attribution du préfet, ni encore la loi de 90 sur la liberté d’association ne donne droit à un préfet d’interdire à un citoyen de séjourner dans son département.
L’opposant Cabral Libii, déclaré troisième à la présidentielle de 2018 dénonce, sur le réseau X, « une frappante et inadmissible dérive autoritaire”.
Maître Akere Muna a dénoncé une situation alarmante qui “reflète un effondrement des valeurs d’unité de notre société”.
Il a ajouté que : ” Le préfet revendique le pouvoir de constater les infractions, de juger les individus et de leur interdire de résider à Yaoundé, la capitale, pour une durée indéterminée. Comment une seule personne peut-elle prétendre exercer un tel pouvoir, au mépris de la constitution et des accords internationaux, ternissant ainsi la réputation de notre nation ?”, s’est il demandé.
Le docteur Aristide Mono pense que le préfet a la tête complètement plongée dans la dérive, expliquant que selon le préfet du Mfoundi, ” le département du Mfoundi est devenu un État avec ses frontières et ses lois”.
Pour animer la galerie, certains internautes demandent déjà la liste des pièces à fournir pour obtenir un visa d’entrer dans le département du Mfoundi.