Dans une déclaration captivante et longue publiée ce dimanche sous le titre “Camerounais : De l’Indifférence à l’Autodafé”, le notaire Abdoulaye Harissou a exprimé une profonde inquiétude quant à l’apathie de la jeunesse camerounaise face à la décadence sociétale dans le pays. Connu pour sa proximité avec l’ancien Secrétaire général de la Présidence, Marafa Amidou Yaya, Harissou a passé plus de trois ans en détention pour des accusations qui ont finalement été requalifiées en “non-dénonciation”.
“Est-ce de l’aveuglement, de la frivolité, de la peur, de l’hypnose, ou les Camerounais sont-ils tombés dans un sommeil profond, voire un coma profond ? Ou est-ce tout simplement leur nature ? Je ne peux pas répondre à ces questions, mais je suis vraiment consterné par l’attitude “je m’en fiche” et légère des Camerounais, surtout de l’intelligentsia et de la jeunesse”, a déploré l’artiste lors d’une interview sur Télévision Équinoxe.
Abdoulaye Harissou a mis en lumière des événements graves qui se déroulent au Cameroun au cours du dernier trimestre, des événements qui ont suscité étonnamment peu d’attention. Il s’agit notamment des controverses entourant les décorations des membres des forces spéciales CAN et COVID-19, l’affaire SAVANNAH impliquant directement la Présidence, la récente saga du DIRCAB du PAN, et surtout, le spectacle humiliant de la libération provisoire vraie-fausse du Tribunal Militaire. Ces situations, apparemment négligées par les Camerounais, servent de signaux d’alarme clairs pour la catastrophe nationale imminente.
“Ces événements ont clairement démontré et prouvé à souhait que les plus hautes institutions de l’État ont atteint un point de rupture, qu’elles sont carrément à l’arrêt. Les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ne sont plus administrés ni gérés. L’arbitre central épuisé, délibérément ou non, ne siffle plus les fautes ni ne contrôle le match. Les arbitres de touche ont perdu leurs drapeaux, et même le VAR est en panne. Par conséquent, tous les coups sont permis, et tout peut arriver dans ce match féroce engagé par les équipes qui se battent pour la succession, car aucune autorité n’est là pour sanctionner et faire respecter les règles du jeu.”
Étonnamment, les spectateurs, surtout les Camerounais, semblent feindre l’ignorance de la situation prévalant. Ils n’osent ni descendre sur le terrain ni rentrer chez eux. Ils restent collés aux gradins, criant des slogans creux et sonores tels que “Le Cameroun c’est le Cameroun !” ou “Le Continent !”, comme si notre pays était une nouvelle planète pour se donner une apparence de contenance.
En réalité, il ne s’agit que de déni, car notre pays, qui dominait l’Afrique dans divers domaines dans les années 1980, n’a plus la même prééminence. Les spectateurs camerounais font semblant d’ignorer la situation, s’accrochant désespérément aux succès individuels et personnels de compatriotes de la diaspora, qu’ils soient scientifiques, économistes, athlètes ou artistes, qui ne doivent rien à l’État camerounais mais tout à leurs efforts personnels.
Pire encore, la jeunesse, par essence révolutionnaire, semble complètement indifférente à la désintégration de nos valeurs et aux problèmes auxquels fait face leur pays. Attirés par l’argent facile, certains rêvent de poursuivre de nouvelles professions telles que les influenceuses pour les filles et les feymen pour les garçons. Beaucoup bravent les risques de l’immigration clandestine et meurent silencieusement chaque jour dans la Méditerranée.
La religion, considérée par Karl Marx comme “l’opium du peuple”, voit un nombre croissant de Camerounais se réfugier dans des é
glises illuminées et des sectes dirigées par divers gourous, rivalisant d’immoralité et de cupidité. L’alcool et le football sont devenus les seuls sujets mobilisateurs capables de soulever les foules.
“Réveillons-nous ! Inscrivons-nous massivement sur les listes électorales pour reprendre en main nos destins et celui de ce beau pays, berceau de nos ancêtres. Sinon, c’est à l’autodafé que nous conduira notre indifférence”, a imploré Maître Abdoulaye Harissou dans un appel passionné au réveil national.