En raison de la destruction des maisons lors de l’attaque qui a fait plusieurs dizaines de morts à Mamfe le 6 novembre dernier, plusieurs personnes dont les femmes et les enfants ont été obligés de fuir la zone de Mamfe pour se réfugier dans des localités avoisinantes, rapporte le bureau de coordination des nations unies.
L’attaque de Mamfe, est l’une des plus meurtrières enregistrées depuis le déclenchement du conflit sécessionniste qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2017.
La dernière actualité de cette crise n’a pas épargné les populations. Dans un rapport paru le 9 novembre 2023, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) indique que le massacre du 6 novembre dernier à Mamfe a fait fuir au moins 380 personnes .
« Les dégâts et la destruction des maisons ont contraint certaines familles à se réfugier dans des églises et dans des maisons surpeuplées avec des familles et des amis. Plus de 380 personnes, principalement des femmes et des enfants, auraient été déplacées d’Egbekaw vers les villages Small Mamfe (quartiers Mile 1 et Lala), Besongabang (quartier de Banya) en raison de l’attaque ou de la crainte de nouvelles attaques », apprend-on de ce rapport sur la situation humanitaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest.
D’après les autorités, l’attaque du 6 novembre a fait 25 morts et 9 blessés. « La plupart des blessés graves ont été dirigés vers les centres de santé de Kumba, à 170 km de Mamfe, et de Buea, 250 km, tandis que d’autres ont été admis dans l’établissement de santé publique voisin de Mamfe pour des soins intensifs », fait savoir Ocha.
Une trentaine de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées le 6 novembre à Mamfé, une commune située dans le département de la Manyu, région du Sud-Ouest du Cameroun, avaient t annoncé le préfet Viang Mekala et le maire Tabenchong Robertson Ashu.
Selon le préfet, les victimes ont été massacrées dans leur sommeil dans une attaque attribuée aux sécessionnistes.
« Tôt ce matin nous nous sommes réveillés avec un terrible drame. Une très mauvaise information. Aux environs de 3h du matin (2h TU) de ce lundi 6 novembre 2023, des compatriotes ont été victimes d’une grande attaque des sécessionnistes dans le quartier appelé Egbekaw un des quartiers les plus anciens de Mamfé. Au moins 20 personnes ont été massacrées. Nous avons déjà découvert 20 corps calcinés », avait déclaré le préfet.
L’autorité administrative de la Manyu avait précisé que « 20 maisons ont été incendiées et 7 personnes sont à l’hôpital de Mamfé en soins intensifs ».
Toujours selon le préfet, « le quartier donne accès à la brousse et à une rivière. Ce qui a permis aux sécessionnistes d’attaquer le quartier et de repartir sans être inquiétés alors que tout le monde dormait. Il y a des femmes et des enfants parmi les victimes ».
Le maire Tabenchong Robertson Ashu, avait confirmé, de son côté, les déclarations du préfet indiquant que le nombre de morts pourrait augmenter.
« Nous déplorons la mort d’au moins 20 personnes cette nuit. Les corps sont déposés à la morgue de l’hôpital de Mamfé. Les recherches se poursuivent pour voir s’il n’y a pas d’autres victimes. Le nombre pourrait croître dans les prochaines heures », a indiqué le maire.
Les médias locaux, avaient passé en boucle les vidéos de la tragédie, largement diffusées sur les réseaux sociaux. Sur ces vidéos, l’on peut voir les corps des personnes calcinés et de nombreuses maisons incendiées. Et, entendre des centaines de personnes s’exprimant en langue locale, condamner cette tuerie.
Cette nouvelle tuerie était survenue le 6 novembre 2023, date symbolique au Cameroun où le parti au pouvoir célèbre l’arrivée, le 6 novembre 1982 du président Biya, 90 ans, au pouvoir.
Au cours des manifestations sur l’ensemble du pays, les partisans du régime avaient appelé le président Biya à se présenter à l’élection présidentielle de 2025.
Pour rappel, les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, sont ravagées par la crise anglophone depuis fin octobre 2016. Les Camerounais d’expression anglaise qui peuplent majoritairement les deux régions s’estiment marginalisés.
Selon l’ONG International Crisis Group (ICG), la crise anglophone a fait plus de 6000 morts et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer.
Albert Atangana